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Comment bénéficier de la protection de l’acquéreur-emprunteur ?

Date de mise à jour : 05/03/2021 Date de vérification le : 17/05/2023 21 minutes

Dans le cadre d’un achat, vous souhaitez obtenir un prêt pour financer votre achat. Quelles sont les protections dont vous pouvez bénéficier en tant qu’emprunteur. Que faut-il faire ? Que ne faut-il surtout pas faire ?

Rédigé par l'équipe WebLex.
Comment bénéficier de la protection de l’acquéreur-emprunteur ?

Acquéreur-emprunteur : une protection relative au bien acheté

Principe. La situation de départ est la suivante : vous achetez un bien immobilier (maison individuelle, appartement, etc.). Pour financer votre achat, vous avez recours à un prêt bancaire. Dans le cadre de cette opération de crédit immobilier, l’acquéreur bénéficiera d’une protection particulière. Laquelle ?

Une protection ? La protection signifie que :

  • vous devez être parfaitement éclairé quant à la nature et l’étendue de votre engagement ;
  • une fois reçue l’offre de prêt, vous bénéficiez d’un délai qui vous permet de parfaire votre réflexion avant de vous engager.

Attention. Le prêt n’a pas vocation à financer tous les achats immobiliers. Ainsi, seules les opérations financières suivantes peuvent permettre à l’acquéreur de bénéficier d’une protection spécifique :

  • pour les immeubles à usage d'habitation ou à usage professionnel et d'habitation :
    • l’achat ou la souscription de parts ou actions de sociétés donnant vocation à leur attribution en propriété ou en jouissance, y compris lorsque ces opérations visent également à permettre la réalisation de travaux de réparation, d'amélioration ou d'entretien de l'immeuble ainsi acquis ;
    • les dépenses relatives à leur réparation, leur amélioration ou leur entretien lorsque le montant du crédit est supérieur à 75 000 € ;
    • les dépenses relatives à leur construction ;
  • l'achat de terrains destinés à la construction des immeubles (si vous n’avez pas la volonté de faire construire un immeuble, vous ne pouvez donc pas bénéficier du dispositif de protection).

A noter. Les locaux dits « accessoires » tels que les caves, les parkings, etc., sont concernés par le dispositif, mais à la condition qu’ils soient acquis en même temps que le bien principal.

Exclusion. La protection de l’acquéreur-emprunteur bénéficie à une personne physique dans un cadre privé. Cela signifie que si vous achetez dans un cadre professionnel, vous serez exclus du dispositif. Il en est de même des entreprises.

Le saviez-vous ?

Si vous envisagez de créer une SCI pour acheter votre maison, vous devez faire attention : dans cette situation, les juges refusent que les acquéreurs puissent bénéficier du statut protecteur en cas d’emprunt.


Acquéreur-emprunteur : comment se protéger dans le compromis de vente ?

Se protéger. Ces protections sont d’ordre public, c’est-à-dire qu’il est impossible d’y déroger. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut rien faire. Il y a quelques précautions à prendre. Lesquelles ?

Mention à insérer. Un achat se fait toujours en 2 temps : il y a d’abord un compromis de vente puis ensuite un acte authentique de vente (environ 3 mois plus tard). Il faut donc indiquer dans le compromis de vente que ce dernier est réaliser sous la « condition suspensive » d’obtention du prêt souhaité.

Attention. Il faut être vigilant quant à la rédaction de la clause. Ainsi, il est interdit d’insérer une clause vous imposant un délai impératif pour déposer votre dossier de prêt, mais il est possible de fixer un délai indicatif.

Comment obtenir le prêt ? Vous devez bien sûr vous adresser à une banque. Les conditions financières du prêt (taux, durée, etc.) doivent être indiquées dans le compromis de vente.

Ce que vous devez faire. Avant même la signature du compromis de vente, vous devez démarcher plusieurs banques afin d’avoir une idée du montant du prêt dont vous pourrez bénéficier. Une fois le compromis signé, vous devez faire une demande qui correspond aux conditions financières indiquées dans le compromis.

Ce que vous ne devez pas faire. Si vous présentez un refus de prêt pour justifier de la non réalisation de la condition suspensive alors que vous n’avez pas respecté les conditions financières prévues au compromis, vous commettez une faute qui a des conséquences très importantes (voir ci-dessous).

Le saviez-vous ?

Il a été jugé que l’acquéreur qui n’obtient pas son prêt car le taux d’endettement est excessif (108 %), suite à des prévisions exagérément optimistes quant à ses capacités financières, ne commet pas une faute justifiant que l’indemnité d’immobilisation soit conservée par le vendeur.

Justificatif. Vous devez pouvoir justifier de vos démarches auprès des banques. Tout écrit prouvant votre volonté d’obtenir le prêt doit être conservé.

Prêt non obtenu. En cas d’échec de la demande de prêt, le compromis devient nul. Attention : en pratique, il faut présenter 2 refus de prêt pour que la condition suspensive ne soit pas réalisée. Ces refus de prêt doivent indiquer notamment sur quelle durée et à quel taux les prêts ont été sollicités.

Conséquences. Lorsqu’un compromis de vente est signé, le vendeur « immobilise » son bien immobilier, ce qui signifie qu’il ne peut plus le proposer à d’autres potentiels acquéreurs De votre côté, vous devez verser certaines sommes, qui viendront en déduction du prix final : on parle d’« indemnité d’immobilisation ». En cas de nullité du compromis de vente, le vendeur peut de nouveau proposer son bien à la vente. Quant à vous, vous devez pouvoir obtenir le remboursement des sommes avancées.

Faute. Si vous n’avez pas respecté les termes du compromis de vente, vous commettez une faute : dans ce cas, le vendeur est susceptible de garder pour son compte des indemnités de dédommagement par le biais d’une « clause pénale ». Ce sera également le cas si vous n’avez effectué aucune démarche auprès des banques ou si vous refusez une offre de prêt conforme aux caractéristiques prévues dans le compromis de vente. Notez qu’il a été jugé que s’adresser à un courtier est suffisant pour satisfaire à l’obligation de demander un prêt auprès d’un « organisme financier ».

Le saviez-vous ?

Si vous souhaitez payer le prix d’achat sans l’aide d’un prêt, vous devez écrire, de votre propre main, sur le compromis de vente, une mention par laquelle vous reconnaissez avoir été informé que si recourrez néanmoins à un prêt, vous ne pourrez pas vous prévaloir des dispositions protectrices de l’acquéreur-emprunteur. A défaut de cette mention manuscrite, Vous pourrez vous prévaloir de ces dispositions.


Acquéreur-emprunteur : une protection renforcée par les obligations de la banque

La banque doit vous informer. La banque est tenue d’assurer à votre égard la disponibilité permanente d’informations générales, claires et compréhensibles, sur les contrats de crédit immobiliers. Ces informations générales sont délivrées sur papier, sur tout autre support durable ou sous forme électronique. Elles sont facilement accessibles et vous sont fournies gratuitement. Ces informations générales sont notamment :

  • l'identité de la banque, ou le cas échéant de l'intermédiaire de crédit, et l'adresse géographique de la partie qui fournit les informations ;
  • la nature, la destination et la durée possibles des crédits proposés ;
  • les types de taux débiteur proposés et leur nature fixe, variable ou révisable, ou une combinaison des deux, ainsi qu'un bref exposé des caractéristiques d'un taux fixe et d'un taux variable ou révisable, y compris de leurs implications pour vous ;
  • les formes de sûreté réelle ou personnelle possibles pour garantir le contrat de crédit (la banque doit vous expliquer la nature juridique, les bénéficiaires, le fonctionnement et les effets de cette sûreté réelle ou personnelle ;
  • l'indication d'autres coûts éventuels que vous aurez à supporter en lien avec le contrat de crédit qui ne sont pas compris dans le coût total du crédit ;
  • l'éventail des différentes modalités de remboursement possibles, y compris le nombre, la périodicité et le montant des versements réguliers ;
  • les conditions directement liées à un remboursement anticipé.

FISE. Au plus tard lors de l'émission de l'offre de crédit, la banque doit vous communiquer, gratuitement, sous la forme d'une Fiche d'Information Standardisée Européenne (FISE), les informations personnalisées vous permettant :

  • de comparer les différentes offres de crédit disponibles sur le marché ;
  • d'évaluer leurs implications ;
  • de déterminer en toute connaissance de cause sur l'opportunité de conclure un contrat de crédit.

Un devoir de mise en garde. La banque est tenue de fournir gratuitement à votre égard les explications adéquates vous permettant de déterminer si le ou les contrats de crédit proposés et les éventuels services accessoires sont adaptés à vos besoins et à votre situation financière. Ces explications comprennent notamment :

  • les informations contenues dans la FISE ;
  • les principales caractéristiques du ou des crédits et services accessoires proposés ;
  • les effets spécifiques que le ou les crédits et services accessoires proposés peuvent avoir à votre égard, y compris les conséquences d'un défaut de paiement, notamment en cas de réalisation des garanties ;
  • s'agissant des éventuels services accessoires liés au contrat de crédit, l'indication de la possibilité ou non de résilier chaque composante séparément et les implications d'une telle procédure pour vous.

A noter. La banque est également tenue de vous mettre en garde gratuitement lorsque, compte tenu de votre situation financière, un contrat de crédit peut induire des risques spécifiques pour vous.

Un service de conseil. La banque peut vous proposer de recourir à son service de conseil. Ce service consiste à vous donner des recommandations personnalisées en ce qui concerne le contrat de prêt que vous envisagez de conclure.

Analyse de votre solvabilité. Un prêt ne vous est accordé que lorsque la banque a pu vérifier que les obligations découlant du contrat de crédit seront vraisemblablement respectées conformément à ce qui est prévu par ce contrat. A cette fin, avant de conclure un contrat de crédit, la banque doit procéder à une évaluation rigoureuse de votre solvabilité. L'évaluation de la solvabilité se fonde sur des informations relatives :

  • à vos revenus, à votre épargne et à vos actifs ;
  • à vos dépenses régulières, à vos dettes et autres engagements financiers.

Comment ? La banque s'appuie dans ce cadre sur les informations nécessaires, suffisantes et proportionnées relatives à vos revenus et dépenses ainsi que sur d'autres critères économiques et financiers.

En cas d’erreur d’analyse. La banque ne peut ni résilier ni modifier ultérieurement le contrat de prêt conclu au motif que les informations fournies étaient incomplètes ou qu'il a vérifié la solvabilité de manière incorrecte, sauf dans l'hypothèse où il est avéré que vous avez sciemment dissimulées ou falsifiées des informations essentielles à la conclusion du contrat.

Pour la petite histoire. Un emprunteur se voit refuser la prise en charge de son prêt immobilier par son assurance et décide de se retourner contre sa banque, avec laquelle il a souscrit le contrat, car il pense qu’elle l’a mal conseillé. Cette dernière refuse, estimant que le délai de prescription pour cette demande est écoulé.

Le juge s’est alors prononcé sur le point de départ du délai de prescription de cette action en précisant que celui-ci court au jour du refus de l’assurance et non au jour de la signature du contrat.

Le saviez-vous ?

Lors de la souscription d’un emprunt immobilier, vous allez également devoir conclure un contrat d’assurance. Depuis le 23 février 2017, vous possédez désormais un droit de résiliation annuel de ce contrat d’assurance. L’objectif est de vous permettre de changer plus facilement d’assureur et de diminuer le coût de ce contrat.

Domiciliation des salaires. Depuis le 24 mai 2019, la question de la domiciliation bancaire des revenus de l’acquéreur doit être évoquée lors de la négociation commerciale entre ce dernier et la banque, comme c’était le cas avant le 1er janvier 2018 (pour rappel, entre le 1er janvier 2018 et le 24 mai 2019, la Loi prévoyait autorisait l’obligation de domiciliation bancaire, sous conditions).


La renégociation de prêts immobiliers vue par la DGCCRF !

La DGCCRF enquête… Dans un contexte de baisse des taux d’intérêts, la DGCCRF a mené une enquête en 2016 et 2017 pour vérifier le respect des droits des clients dans le cadre des opérations de renégociation et de rachat de prêts immobiliers.

Un résultat positif ! Cette enquête, qui a été menée auprès de 122 établissements (banques et intermédiaires de crédit), a donné lieu à seulement 10 sanctions : 8 avertissements et 2 injonctions administratives ont été prononcés. La DGCCRF constate que les obligations en matière d’information du client (mentions et documents obligatoires, délai de réflexion, etc.) sont globalement très bien respectées.

Les contrôles vont perdurer… La DGCCRF va continuer ses contrôles, notamment en ce qui concerne le respect des conditions de souscription de l’assurance-emprunteur, du calcul du taux annuel effectif global (TAEG) et des modalités d’exercice du droit de remboursement anticipé du prêt immobilier.

A retenir

Pour bénéficier des règles protectrices de l’acquéreur-emprunteur, vous devez obtenir un prêt dont le financement a pour but un achat immobilier d’habitation (ou en vue d’une habitation future). Vous devez également agir dans un but personnel et non professionnel.

La protection est matérialisée dans le compromis de vente par l’insertion d’une « clause suspensive » d’obtention du prêt.

 

J'ai entendu dire

J’achète une maison suite à une vente aux enchères. Je souhaite financer mon achat par un prêt. Puis-je bénéficier de la protection de l’acquéreur-emprunteur ?

Non, vous ne pouvez pas bénéficier de cette protection car les dispositions relatives à la protection de l’acquéreur-emprunteur ne sont pas applicables aux ventes aux enchères.
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Sources
  • Article 1231-5 du Code civil
  • Article 1304-3 du Code civil
  • Articles L 311-1 et suivants du Code de la consommation (protection de l’acquéreur-emprunteur)
  • Loi n° 2017-203 du 21 février 2017 ratifiant les ordonnances n° 2016-301 du 14 mars 2016 relative à la partie législative du code de la consommation et n° 2016-351 du 25 mars 2016 sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers à usage d'habitation et simplifiant le dispositif de mise en œuvre des obligations en matière de conformité et de sécurité des produits et services (article 10)
  • Loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (article 206)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 12 février 2014, n° 12-27182 (délai impératif interdit-un courtier est un « organisme financier »)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 12 septembre 2007, n° 06-15640 (refus justifié)
  • Arrêt de la Cour de cassation, chambre commerciale, du 18 mai 2005, n° 03-10508 (terrain sans volonté de construction-pas de protection pour l’acquéreur-emprunteur)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 1ère chambre civile, du 25 octobre 1994, n° 92-11400 (faute de l’acquéreur dans la demande de son prêt)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 1ère chambre civile, du 10 février 1993, n° 91-12382 (pas de statut protecteur-achat sous la forme d’une SCI)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 1ère chambre civile, du 6 janvier 1993, n° 89-21298 (refus injustifié de l’acquéreur)
  • Ordonnance n° 2016-351 du 25 mars 2016 sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers à usage d'habitation
  • Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 13 octobre 2016, n° 15-17832 (demande de prêt non-conforme aux termes du compromis de vente-faute de l’acquéreur)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 15 juin 2017, n° 16-13530 (attestations de refus de prêt floues)
  • Arrêt de la Cour de cassation, 3ème chambre civile, du 12 juillet 2018, n° 17-21763 (prévisions exagérément optimistes de l’ex-acquéreur-restitution de l’indemnité d’immobilisation)
  • www.economie.gouv.fr
  • Arrêt de la cour de cassation, chambre commerciale, du 6 janvier 2021, n°18-24954 (délai de prescription de l’action en responsabilité d’un banquier)
Voir plus Voir moins

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