Calculer l’impôt sur les sociétés
Déterminer le résultat fiscal
Du résultat « comptable »… Pour calculer le résultat imposable de votre entreprise, il faut, au préalable, déterminer son résultat comptable, qui va retracer l’ensemble de l’activité de l’exercice : il résultera de la différence entre les différentes recettes de l’entreprise diminuées de ses charges. Ce résultat comptable sera ensuite « retraité » pour calculer le résultat fiscal.
… au résultat « fiscal ». Ce résultat fiscal consiste à retraiter le résultat comptable pour tenir compte de la réglementation fiscale qui déroge à la réglementation comptable. C’est ainsi que certains produits ne sont pas imposables (une reprise de provision antérieurement non déduite sur le plan fiscal par exemple) et certaines charges, admises en déduction pour calculer le résultat comptable, ne sont pas déductibles sur le plan fiscal (certaines provisions, les charges dites somptuaires, l’impôt sur les sociétés lui-même, etc.). Voilà pourquoi il faut « réintégrer » au résultat les charges non déductibles et opérer une « déduction extracomptable » des produits et recettes non imposables. Ce résultat fiscal constituera soit un bénéfice, soit un déficit. S’il s’agit d’un déficit, il est reportable et s’imputera sur les bénéfices des exercices suivants. Il pourra également, sur option, être « reporté en arrière » sur le bénéfice de l’exercice précédent, générant ainsi une créance fiscale que vous pourrez utiliser pour le paiement de l’IS dû au titre des exercices suivants (à défaut d’imputation dans les 5 ans, cette créance sera remboursée).
Calculer votre impôt sur les sociétés (IS)
S’il s’agit d’un bénéfice. La décomposition de ce bénéfice est récapitulée sur la page de garde de la déclaration de résultats n° 2065 : une distinction est ici faite entre le bénéfice soumis au taux normal de l’IS, le bénéfice imposé au taux réduit de 15 % et le montant des produits et plus-values bénéficiant de taux d'imposition préférentiels.
Quel taux d'imposition ? Le taux normal de l’IS est fixé à 25 %. Par exception, pour les exercices clos à compter du 31 décembre 2022, les sociétés qui ont réalisé un chiffre d’affaires qui n’excède pas 10 M€ au cours de l’exercice ou de la période d’imposition, peuvent bénéficier d’un taux réduit d’imposition à 15 % dans la limite de 42 500 € de bénéfice imposable par période de 12 mois.
L’entreprise doit joindre à sa déclaration de résultats :
- un état de la répartition du capital social ;
- et un état de détermination des bénéfices imposés au taux réduit.
Des taux d’imposition spécifiques. Certains produits se voient appliquer des taux d’imposition spécifiques. Il en est ainsi, par exemple, des plus-values de cession de titres de sociétés à prépondérance immobilière cotées détenus depuis au moins deux ans qui sont soumises à l'IS au taux réduit fixé à 19 %.
Le saviez-vous ?
Certaines plus-values sont purement et simplement exonérées d'IS. Ce sera le cas en présence d'une plus-value réalisée à l'occasion de la cession de titres de participation, détenus depuis au moins 2 ans (des titres de participations sont définis, sur le plan comptable, comme des titres dont la possession durable permet à la société détentrice d'exercer une influence dans la gestion ou le contrôle de la société émettrice).
La plus-value réalisée à l'occasion d'une vente de ce type de titres est exonérée, sous réserve toutefois de la taxation d'une quote-part de frais et charges, fixée à 12 % du montant brut de la plus-value.
Pensez aux crédits et réductions d’impôt. Vous avez pu engager, au cours de l’exercice, des dépenses ou réaliser des investissements qui peuvent vous faire bénéficier d’un crédit ou d’une réduction d’impôt. Pensez à en tenir compte au moment de calculer votre IS. Pour mémoire, citons, par exemple :
- le crédit d’impôt pour la formation des dirigeants (qui ne s’applique qu’aux heures de formation effectuées jusqu’au 31 décembre 2024),
- le crédit d’impôt en faveur de l’apprentissage,
- le crédit d’impôt famille,
- le crédit d’impôt recherche et le crédit d’impôt innovation,
- le crédit d’impôt en faveur des métiers d’art,
- la réduction d’impôt au titre du mécénat.
Pensez aussi… Si vous avez opté pour le report en arrière d’un déficit et que vous détenez une créance fiscale à ce titre, pensez à en tenir compte dans le calcul de l’IS.
Pour information. En plus de l'IS proprement dit, une contribution sociale, calculée sur le montant même de l'IS et dont le taux est fixé à 3.3 %, est due par les sociétés dont le montant de l'IS est supérieur à 763 000 €. Sous réserve du respect des conditions requises tenant, notamment, à la libération et à la composition de leur capital, les sociétés qui ont réalisé un chiffre d’affaires (CA) de moins de 7 630 000 € au cours de l’exercice ou de la période d’imposition, ramené, le cas échéant, à 12 mois, échappent complètement à cette contribution.
Des contributions temporaires. Depuis le 1er janvier 2018, 2 contributions temporaires sont mises en place. Il s’agit :
- de la contribution exceptionnelle : les entreprises, dont le CA annuel dépasse 1 milliard d’€ sont soumises au paiement d’une contribution exceptionnelle calculée sur le montant de l’IS dû au taux de 15 % ;
- de la contribution additionnelle : les entreprises, dont le CA annuel dépasse 3 milliard d’€ sont soumises au paiement d’une contribution exceptionnelle calculée sur le montant de l’IS dû au taux de 15 %.
A retenir
Le résultat fiscal est déterminé en retraitant le résultat comptable (par voie de réintégration de charges non déductibles et/ou de déduction de produits non imposables). Le bénéfice fiscal ainsi calculé sera soumis à l’IS.
Vérifiez que vous pouvez effectivement bénéficier du taux réduit de l’IS : ce sera le cas si votre société dispose d’un chiffre d'affaires inférieur à 10 M€.
- Article 219 du Code Général des Impôts (taux d’impôt sur les sociétés)
- Article 235 ter ZC du Code Général des Impôts (contribution sociale de 3,3 %)
- Article 46 quater-0 ZZ bis A de l’annexe III au Code Général des Impôts
- Loi de Finances pour 2017 n° 2016-1917 du 29 décembre 2016 (articles 11 et 95)
- Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Marseille du 24 mars 2016, n° 14MA03389 (libération des primes d’émission)
- Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Paris du 11 avril 2018, n°17PA02374 (taux réduit d’IS et obligations déclaratives)
- BOFiP-Impôts-BOI-IS-DECLA-20-10
- BOFiP-Impôts-BOI-IS-LIQ-20-10
- BOFiP-Impôts-BOI-IS-AUT-10-10
- Loi de finances pour 2019 du 28 décembre 2018, n°2018-1317, articles 37 et 38
- Loi n° 2019-759 du 24 juillet 2019 portant création d’une taxe sur les services numériques et modification de la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés
- Loi de finances pour 2020 du 28 décembre 2019, n°2019-1479 (article 39)
- Loi de finances pour 2021 du 29 décembre 2020, n°2020-1721, article 18 (taux réduit d’IS)
- Loi de finances pour 2023 du 30 décembre 2022, n°2022-1726 (articles 37 et 72)
- Arrêt du Conseil d’État du 26 juillet 2023, no 466220 (contribution sociale sur l’IS et CA à prendre en compte)