Comité social et économique des entreprises d’au moins 50 salariés : ses attributions économiques
CSE : des missions variées
Le CSE, qu’est-ce que c’est ? Le comité social et économique (CSE) est une instance représentative du personnel composée de l’employeur et d’une délégation élue du personnel, obligatoire pour les entreprises qui atteignent le seuil de 11 salariés.
La représentation du personnel. Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, les membres du CSE assurent l’expression collective des salariés, permettant la prise en compte de leurs intérêts dans les décisions relatives à la gestion et à l’évolution économique et financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la formation professionnelle et aux techniques de production. Ils sont chargés de présenter à l'employeur les réclamations individuelles ou collectives des salariés. Ces réclamations peuvent porter sur :
- les salaires ;
- l’application de la règlementation du travail ;
- les conventions et accords collectifs applicables dans l’entreprise.
Le saviez-vous ?
Malgré ce rôle de représentation du CSE, les salariés conservent le droit de présenter eux-mêmes leurs observations à l'employeur ou à ses représentants.
Rôle du CSE dans « l’organisation, la gestion, et la marche générale de l’entreprise ». Le CSE doit obligatoirement être informé et consulté sur toutes les questions qui relèvent de ces domaines. Le champ d’intervention du CSE en matière économique est donc extrêmement vaste.
Conséquence. L’employeur doit procéder à des informations et/ou des consultations du CSE. Ces consultations, selon les thèmes qui sont abordés, seront soit récurrentes, soit seulement ponctuelles.
Attention ! En l’absence de consultation du CSE alors qu’elle est obligatoire, l’employeur encourt une sanction pénale pour délit d’entrave. Si l’employeur est une personne physique, il encourt une peine d’amende de 7 500 €, ou 15 000 € en cas de récidive. L’employeur personne morale, quant à lui, encourt une peine d’amende de 37 500 € à 75 000 € en cas de récidive. Il est donc important de veiller à respecter ses obligations, et garder en tête que l’obligation de consultation porte sur des projets et des domaines extrêmement variés…
Le saviez-vous ?
Les membres du CSE sont soumis au secret professionnel concernant les procédés de fabrication. Mais ils sont également soumis à une obligation de discrétion à l'égard, cette fois, des informations revêtant un caractère confidentiel et présentées comme telles par l'employeur.
CSE : des consultations récurrentes
3 thématiques... L’employeur doit impérativement consulter le CSE de manière récurrente :
- sur les orientations stratégiques de l’entreprise, et sur leurs conséquences sur l’activité, l’emploi, l’évolution des métiers et des compétences, l’organisation du travail, les mesures visant à améliorer la mobilité des salariés entre leur lieu de résidence habituelle et leur lieu de travail, le recours à la sous-traitance, à l’intérim, à des contrats temporaires et à des stages ;
- sur la situation économique et financière de l’entreprise, ainsi que sur la politique de recherche et de développement technologique de l’entreprise, y compris sur l’utilisation du crédit d’impôt pour les dépenses de recherches ;
- sur la politique sociale, les conditions de travail et d’emploi.
Le saviez-vous ?
En l’absence d’accord aménageant les conditions de la consultation sur la politique sociale, les conditions de travail et d’emploi, l’employeur doit notamment mettre à la disposition des membres du CSE un rapport écrit faisant le bilan de la situation générale de la santé, de la sécurité et des conditions de travail dans l’entreprise, ainsi que des indicateurs chiffrés et des informations sur l’évolution de l’emploi, des qualifications, de la formation et des salaires.
… impératives. Ces 3 thèmes de consultation sont d’ordre public, ce qui signifie qu’il est impossible de déroger à l’obligation de consultation. Il doit donc être informé et consulté chaque année, en principe au niveau de l’entreprise, sur ces thématiques.
Quand ? L’employeur doit consulter le CSE avant de prendre ses décisions, sauf dans l’hypothèse où il s’agit de lancer une offre publique d’acquisition.
Au sujet des accords collectifs. Les projets d’accords collectifs, de leur révision ou de leur dénonciation ne sont pas soumis à la consultation obligatoire du CSE. De même, les entreprises ayant conclu un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ne sont pas soumises, dans ce domaine, à l’obligation de consulter le CSE.
Des aménagements possibles ? Le contenu de ces consultations récurrentes ne peut pas être modifié. On dit qu’il est « d’ordre public » : cela signifie qu’il n’est pas possible d’y déroger. Il est, néanmoins, possible d’en aménager les modalités, soit par accord d’entreprise conclu avec un délégué syndical, soit (en l’absence de délégué syndical) par accord négocié avec le CSE et adopté à la majorité de ses membres titulaires.
Délai. Le CSE doit disposer d’un délai suffisant d’examen pour émettre ses avis. Lorsqu’aucun délai n’est mentionné par la loi, à défaut d’accord, le CSE est réputé avoir été consulté et avoir rendu un avis négatif au bout d’un mois à compter de la communication par l'employeur des informations nécessaires à la consultations. Ce délai est porté à 2 mois en cas d’intervention d’un expert (et à 3 en cas d'intervention d'une ou plusieurs expertises dans le cadre de consultation se déroulant à la fois au niveau du CSE central et d'un CSE d’établissement).
CSE : des consultations ponctuelles
Projets importants. Le CSE doit également être consulté sur les questions et les projets intéressant l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise. En principe et puisque l’ordre du jour est élaboré conjointement par l’employeur et par le secrétaire du CSE, l’employeur peut reformuler les questions qui lui sont transmises. Seule limite : ne pas en dénaturer le fond qui pourrait être constitutif d’un délit d’entrave pénalement répréhensible.
Concrètement. Les projets intéressant l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise sont ceux qui concernent :
- les mesures de nature à affecter le volume ou la structure des effectifs,
- la modification de l’organisation économique ou juridique de l’entreprise,
- les conditions d’emploi, de travail, notamment la durée du travail et la formation professionnelle,
- l’introduction de nouvelles technologies, et de tout aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail,
- les mesures prises en vue de facilité l’emploi des accidentés du travail, des invalides de guerre, des invalides civils des personnes atteintes de maladies chroniques évolutives et des travailleurs handicapés, notamment sur l’aménagement des postes de travail,
- la mise en œuvre et le contrôle de l’activité des salariés,
- la restructuration et la compression des effectifs,
- le licenciement pour motif économique,
- une offre publique d’acquisition,
- toute procédure de sauvegarde, de redressement, ou de liquidation judiciaire.
Le saviez-vous ?
Un accord peut, là encore, aménager les modalités de l’information / consultation ponctuelles du CSE. Il est donc possible de définir le contenu de ces consultations, les modalités (nombre de réunions, etc.) et les délais dans lesquels les avis du CSE doivent être rendus.
Communication insuffisante des informations. Si les informations transmises à l’instance représentative du personnel sont insuffisantes pour qu’elle donne un avis motivé, elle doit saisir le président du tribunal judiciaire. Celui-ci pourra ordonner la production des éléments d’information complémentaires et, dans ce cas, prolonger ou fixer un nouveau délai de consultation courant à compter de la communication de ces éléments complémentaires.
Conséquences environnementales de la décision. Désormais, lors des consultations ponctuelles ou obligatoires, les élus doivent impérativement se voir transmettre des éléments d’informations relatifs aux conséquences environnementales de la décision ou du projet à mettre en œuvre et faisant l’objet de l’information / consultation.
A retenir
Le CSE doit impérativement être consulté de manière récurrente sur plusieurs thématiques prévues par la loi. La fréquence de ces consultations peut être aménagée par voie d’accord. En outre, il doit être consulté ponctuellement sur les questions et les projets qui intéressent l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise.
L’absence de consultation du CSE alors qu’elle est obligatoire peut être très lourdement sanctionnée. Il faut donc retenir qu’il vaut mieux en faire trop que pas assez !
J'ai entendu dire
Comment dois-je communiquer les informations au CSE ?L’employeur doit mettre à la disposition des membres du CSE toutes les informations utiles et nécessaires sur la base de données économiques, sociales et environnementales. Le contenu de la BDESE est strictement réglementé.
- Articles L 2312-8 et suivants du Code du travail (attributions)
- Articles R2312-5 et R2312-6 du code du travail (délais de consultation)
- Article L 2317-1 du Code du travail (délit d’entrave au fonctionnement du CSE)
- Articles L 2315-1 et suivants du Code du travail (fonctionnement)
- loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités, article 82 (négociation obligatoire sur la mobilité des salariés)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 26 février 2020, n° 18-22759 (délai de consultation prolongé par le juge en cas d’informations insuffisantes)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 8 juillet 2020, n° 19-10987 (délai avis CSE)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 4 novembre 2020, n° 19-11738 (NP) (CSEC et CSE d’établissement : consultation sur la situation économique et financière)
- Arrêt de la Cour de cassation chambre sociale, du 14 avril 2021, n° 19-11753 (délai avis CSE avec expert et demande de documents)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale du 4 octobre 2023, n° 22-10716 (Reformulation possible des questions transmises hors les informations / consultation obligatoires)