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Financer les besoins de trésorerie de votre entreprise

Date de mise à jour : 09/10/2023 Date de vérification le : 12/06/2024 19 minutes

Entre le moment où vous achetez votre stock et le moment où vous encaissez effectivement le chiffre d’affaires correspondant à la vente de vos marchandises, il peut s’écouler un certain temps. Il vous faut donc financer ce « décalage » : soit vous disposez de la trésorerie nécessaire pour financer votre cycle d'exploitation, soit ce n’est pas le cas… Comment faire dans cette dernière hypothèse ?

Rédigé par l'équipe WebLex. En collaboration avec Laurent Pétard, Directeur administratif et financier, Groupe GRAM
Financer les besoins de trésorerie de votre entreprise

La première chose à faire : agir sur les paiements clients et les règlements fournisseurs

Surveiller le règlement des factures. L’un des premiers objectifs à viser dans le cadre de votre gestion de trésorerie sera de maintenir une situation de trésorerie positive pour parvenir à faire face à vos échéances. Parmi les multiples solutions pour arriver à cette fin, l’une des premières actions sera d’agir sur vos « postes clients ».

À optimiser ! Voici quelques pistes de réflexion pour optimiser vos encaissements :

  • ne retardez pas la facturation : ne laissez pas s’écouler trop de temps entre la réalisation de la vente ou la prestation et l’envoi de la facture ;

  • systématisez le règlement d’acomptes ;

  • relancez systématiquement les clients en cas de retard de paiement : responsabilisez vos équipes commerciales et comptables sur la facturation et le règlement client ;

  • lorsque vous traitez avec un nouveau client, il n’est pas rare de recourir à la facture proforma que votre client réglera avant d’obtenir la livraison des marchandises achetées ;

  • pensez à mettre en place des paiements par prélèvements automatiques (vous optimisez la gestion comptable de vos comptes clients, évitez les relances, etc.).

Proposer un escompte… Une autre solution pour obtenir un paiement plus rapide des factures consiste à proposer un escompte à vos clients : on définit l’escompte comme une remise accordée au client qui règle sa facture avant la date d’échéance normale (on parle d’escompte de règlement). On rappelle, à cet égard, que le délai convenu pour procéder au paiement des factures ne peut pas dépasser 45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d'émission de la facture.

Le saviez-vous ?

Si vous accordez un escompte de règlement, n’oubliez que vos factures doivent préciser les conditions d'escompte applicables en cas de paiement à une date antérieure à celle résultant de l'application des conditions générales de vente.

Optimiser les paiements fournisseurs. Un autre poste doit aussi faire l’objet d’une attention particulière : il s’agit des paiements fournisseurs. Il est, tout d’abord, important de vérifier et de valider les factures fournisseurs, et donc leur paiement. Vous pouvez aussi essayer d’optimiser les paiements fournisseurs, en imposant des délais de paiement : évitez autant que possible les retards de paiements, sources de situations conflictuelles. Contactez vos fournisseurs pour envisager avec eux des délais de règlements acceptables.


Solliciter une aide financière à court terme : quelle solution ?

Une aide temporaire ? Si la trésorerie est momentanément négative, et que vous avez un besoin impératif de financer un achat de stocks pour assurer le réassort de vos produits, vous pouvez solliciter une aide ponctuelle de votre banque en lui demandant une facilité de caisse, qui permettra de financer le décalage entre décaissements et encaissements.

La facilité de caisse. Une facilité de caisse, destinée à couvrir des besoins courant de l’activité, permet de faire face à des difficultés de trésorerie de courte durée puisqu’elle vise à autoriser une situation débitrice de quelques jours par mois (en règle générale, la facilité de caisse ne dépasse pas 15 jours par mois). Les modalités de mise en place seront fonction des conditions imposées par votre banque (vérifiez la durée, temporaire ou permanente, ainsi que les conditions financières et donc le coût de cette facilité de caisse).

Le découvert autorisé. Dans l’hypothèse où le besoin de trésorerie est plus fréquent ou régulier, vous pouvez demander à votre banque une « autorisation de découvert » : il s’agit d’obtenir de la banque un accord pour que le compte fonctionne à découvert, c’est-à-dire que des paiements soient honorés quand bien même votre provision sur le compte n’est pas suffisante. Là encore, une autorisation de découvert, accordée dans certaines limites de montant, sera génératrice de frais (intérêts, commissions de découvert et de mouvement, etc.). En règle générale, il est accordé pour une durée d’un an renouvelable et pour un montant en partie calculé par rapport à votre chiffre d’affaires.

Le saviez-vous ?

La banque a la possibilité de mettre fin à une facilitée de caisse ou une autorisation de découvert. Mais, sauf s’il s’agit d’une facilité de caisse occasionnelle, elle ne pourra le faire que sur notification écrite et à l'expiration d'un délai de préavis fixé lors de l'octroi du concours, délai qui ne peut, sous peine de nullité de la rupture du concours, être inférieur à 60 jours.

Le crédit à court terme. Il s’agit d’un prêt d’une très courte durée qui va vous permettre, par exemple, de financer un accroissement ponctuel ou saisonnier de votre activité ou un besoin de trésorerie pour assurer le réassort d’un stock avant une vente sur une courte période. Le coût de ce type de crédit est composé d’intérêts calculés sur le montant du crédit utilisé et de commissions de gestion.

Pensez à l’escompte bancaire. Si vous êtes détenteur de ce qu’on appelle un « effet de commerce » (une traite par exemple qui consiste en un ordre donné par le créancier – vous – à son débiteur – votre client – de payer à une date précise le montant dû), vous pouvez le céder à votre banque contre paiement. En pratique, vous mobilisez votre créance : la banque vous fait, en quelque sorte, l’avance de la somme due par votre client (contre paiement de frais d’escompte à votre charge).

Le saviez-vous ?

L’accord de la banque pour une autorisation d’escompte dépend non seulement de votre situation financière et de vos conditions d’exploitation (importance du chiffre d’affaires, conditions et délais de paiement accordés à vos clients, etc.), mais également de la situation de vos propres clients (il pourra par exemple refuser d’escompter une traite d’un de vos clients qui a connu des incidents de paiement par le passé)

La « cession Dailly ». Cette technique est une autre forme de mobilisation de vos créances professionnelles, lorsque ces dernières ne sont pas matérialisées par des effets de commerce : vous cédez vos factures à la banque (au moyen du « bordereau Dailly ») qui vous en fait l’avance, à hauteur du montant de ces factures diminué de ses frais et commissions. Votre client, averti de cette cession, procèdera au paiement de la facture auprès de la banque (en pratique, il est souvent prévu que vous percevez directement les fonds pour le compte de la banque, dans le cadre d’un mandat, charge à vous de les lui reverser).

Le saviez-vous ?

En pratique, vous concluez avec la banque une convention qui définit l’ensemble des conditions de cession de vos créances professionnelles, puis, vous sélectionnez les créances que vous entendez remettre à la banque au moyen du « bordereau Dailly ». Cette dernière, après vérification, créditera votre compte du montant des créances ainsi transmises, diminué des intérêts qui restent à votre charge.

Attention. Que ce soit pour l’escompte ou pour la cession Dailly, le non-paiement d’une facture ou d’un effet de commerce est à votre charge, sauf si vous avez souscrit une assurance-crédit. Une opportunité qui reste à étudier…

Recourir à l’affacturage. La technique de l’affacturage consiste, en pratique, à déléguer la gestion de votre poste clients : en vous adressant à une société spécialisée (le « factor », en pratique un établissement de crédit spécialisé – beaucoup de banques proposent ce service), vous lui cédez vos créances, à charge pour elle de procéder au recouvrement des sommes dues par vos clients. Concrètement :

  • c’est le factor qui assure le recouvrement de créances : vous êtes déchargé de cette problématique ;

  • le factor garantit ce recouvrement, puisqu’il s’engage à vous payer l’équivalent des factures transmises (il assume le risque d’impayés, sauf si ce risque a pour origine une contestation commerciale ou technique, directement liée à la vente ou la prestation rendue) ;

  • le factor peut également financer votre poste client, puisqu’il peut vous reverser par anticipation le montant des factures transmises.

Mais, l’affacturage a un coût : le factor percevra une commission d’affacturage (en général, entre 0,5 % et 2 % du montant du chiffre d’affaires) et, dans l’hypothèse où il paye par anticipation le montant des factures, des intérêts débiteurs (calculés sur le volume du financement accordé par le factor).

Le saviez-vous ?

Il existe aussi le « reverse factoring » ou « affacturage inversé » : cette technique consiste à financer, non plus le poste client, mais le poste fournisseur. En pratique, votre fournisseur facture sa prestation ou sa livraison de marchandises, facture que vous remettez à la société d’affacturage qui va procéder elle-même au paiement. De votre côté, vous payez le montant de cette facture à la société d’affacturage dans le délai initialement prévu avec le fournisseur.

Et vous ? Vous pouvez, vous aussi, agir sur l’amélioration de la trésorerie de l’entreprise en réalisant un apport : soit vous mobilisez cet apport en l’incorporant au capital de votre société, soit vous « prêtez » de l’argent à votre entreprise en effectuant un apport en compte courant.


Solliciter une aide financière : comment faire ?

Fournir un dossier à la banque. Dans le cadre de l’étude de votre demande, la banque vous demandera de lui fournir vos éléments comptables des derniers exercices (bilan et compte de résultat), votre tableau de suivi de trésorerie, le prévisionnel d’activité, l’état de votre facturation client, etc. L’objectif pour la banque est d’avoir une idée de la situation financière de l’entreprise, de ses besoins de trésorerie, des délais de règlements clients et fournisseurs, etc. En général, les banques s’engagent à donner une réponse dans un délai de 15 jours.

Conseil. Il est toujours utile de se faire accompagner par votre conseil habituel (expert-comptable notamment) pour appuyer votre demande de financement de trésorerie.

Le saviez-vous ?

Si la banque refuse une aide financière, vous avez la possibilité de saisir le médiateur du crédit en déposant un dossier directement sur le site www.mediateurducredit.fr.

Choisir une solution adaptée à votre situation. Choisissez la solution la plus adaptée à votre situation. Là encore, l’aide de votre conseil pourra être particulièrement utile. Ce choix sera facilité par le suivi régulier de votre trésorerie qui vous permettra d’identifier vos besoins réels (ponctuels en fonction de l’activité, plus régulier, etc.). Exemples :

  • grâce au tableau de trésorerie, vous détecterez en amont des besoins de trésorerie qui ne seront pas couverts par une simple facilité de caisse, mais qui nécessiteront au contraire un découvert autorisé ;

  • une analyse du poste créances clients vous permettra d’identifier la créance dont la cession est possible : choisir la créance d’un client en difficulté financière fait peser un risque sur votre entreprise en cas de défaut de paiement (sauf si vous avez souscrit une assurance-crédit).

Attention. Le choix d’un financement inadapté pourra engendrer, outre des manques de trésorerie et des découverts non autorisés le cas échéant, des frais et des commissions importants. Sans compter les rejets de prélèvements et de chèques, les conflits avec la banque, etc.

À retenir

Premier réflexe à avoir : suivez de près la facturation client et le recouvrement de vos créances.

Ensuite, différentes techniques et solutions peuvent vous permettre de financer vos besoins de trésorerie ; facilité de caisse ponctuelle, autorisation de découvert, cessions de créances professionnelles, affacturage… Quelle que soit la solution envisagée, vérifiez les conditions de mise en place et les coûts financiers que vous devrez supporter.

 

J'ai entendu dire

Plutôt que de recourir au découvert autorisé par la banque, générateur de frais financiers, n’est-il pas plutôt préférable de proposer aux clients un escompte financier ?

La réponse à cette question ne saurait être universelle, tant elle dépend des conditions d’escompte et des modalités d’application prévues par la banque pour accorder le découvert. On peut toutefois dégager une ligne directrice qui consistera à dire que, plus le taux de découvert est faible, et moins l’escompte financier sera intéressant. Il faut, en tout état de cause, peser le pour et le contre en chiffrant les deux hypothèses.
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