Indemniser les arrêts maladie
Vous devez vous rapprocher de la Sécurité sociale
Contactez la caisse d’assurance-maladie. A réception de l’arrêt de travail, contactez la CPAM du lieu de domicile de votre salarié absent et envoyez-lui une attestation de salaire qui servira au calcul des indemnités journalières de sécurité sociale.
Comment faire ? Soit vous remettez le formulaire papier à votre salarié qui l’enverra à sa caisse (vous trouverez le formulaire sur les sites www.ameli.fr et www.service-public), soit vous effectuez cette démarche directement sur le site www.net-entreprises.fr, soit vous transmettez cette attestation via votre logiciel de paie).
Le saviez-vous ?
Depuis 2016, l’attestation de salaire doit être automatiquement transmise via la déclaration sociale nominative.
Un cas spécifique ? Lorsque le salarié malade est un représentant du personnel, vous devez aussi adresser l’attestation de salaire à la caisse d’assurance maladie sans mentionner les heures de délégation. Rappelons à cet effet qu’il est interdit de mentionner les heures de délégation sur le bulletin de paie du salarié. Cela signifie que les indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS) seront calculées sur la base du salaire, comprenant nécessairement les heures de délégation.
Le saviez-vous ?
Pendant son arrêt de travail, le salarié peut bénéficier d’autorisations de sortie, prescrites par le médecin traitant. Soit ces sorties sont libres, soit elles sont autorisées sauf entre 9 h 00 et 11 h 00 et entre 14 h 00 et 16 h 00 (excepté en cas de soins ou d’examens médicaux).
Certificat médical ? Le bénéfice du complément d'indemnisation n'implique pas la nécessité, pour le salarié, de percevoir une prestation de la caisse, mais simplement celle d'avoir la qualité d'assuré social. Par conséquent, l'absence de remise à l'employeur du formulaire d’avis d’arrêt de travail destiné à la caisse ne fait pas obstacle au maintien de la rémunération des salariés dans les conditions prévues par leur convention collective.
Un délai de carence. La caisse d’assurance maladie n’indemnisera le salarié qu’après une carence de 3 jours.
En cas de retour anticipé… Un salarié en arrêt maladie peut, après l’accord de son médecin, retourner au travail de manière anticipée. Dans ce cas, il doit informer la CPAM de son retour. Or, si vous êtes subrogé dans ses droits, et que vous recevez directement les indemnités journalières dont il peut bénéficier, c’est à vous d’informer la CPAM de son retour anticipé. En cas de manquement à cette obligation, et si ce manquement engendre des versements indus d’indemnités journalières, il peut être prononcé à votre encontre une sanction financière. Le montant de cette sanction est proportionnel aux sommes indûment versées, dans la limite de 50 % de celles-ci.
A qui sont versées les IJSS ? En principe, les IJSS sont versées au salarié. Toutefois, si vous maintenez tout ou partie du salaire, vous pouvez être subrogé dans les droits du salarié (à condition que le salaire maintenu soit au moins égal au montant des indemnités dues), percevoir vous-même les IJSS, et les reverser au salarié pour leur montant net.
Le saviez-vous ?
En cas de maintien total ou partiel du salaire, vous êtes subrogé de plein droit au salarié dans ses droits aux IJSS (notez que la subrogation de plein droit pour les IJSS liées aux accidents du travail et aux maladies professionnelles s’applique à compter du 1er janvier 2015 en cas de maintien partiel de salaire).
Attention ! Le salarié ne doit pas travailler pendant son arrêt maladie, ni exercer aucune activité non autorisée par son médecin. En cas de contrôle de la Sécurité sociale, celui-ci aurait alors à rembourser des indemnités journalières indûment versées. Notez à ce sujet qu’il pourrait se retourner contre son employeur qui l’aura laissé travailler, même à titre bénévole, en période de suspension du contrat de travail.
Vous devez assurer un complément d’indemnisation
Vous devez maintenir le salaire. Pendant l’arrêt de travail, le contrat de travail est suspendu. En complément des indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS), le salarié bénéficie d’une indemnité complémentaire légale à votre charge, sous conditions…
Quelles sont les conditions ? Le salarié pourra bénéficier d’un maintien de salaire s’il :
- a au moins un an d’ancienneté au 1er jour de l’arrêt de travail ;
- justifie de son arrêt dans les 48 heures par l’envoi du certificat médical ;
- est pris en charge par la sécurité sociale.
Le saviez-vous ?
En contrepartie de votre obligation de maintenir le salaire, vous pouvez contrôler que l’arrêt maladie est justifié, par le biais d’une contre-visite médicale. En fonction de cette contre-visite, le versement complémentaire pourra ou non être maintenu.
Un délai de carence ? Un délai de carence de 7 jours est, en principe, prévu, sauf en cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle (pas de carence dans ces cas). Mais votre convention collective peut prévoir des délais plus favorables au salarié. Pensez à la consulter !
Exemple. La Convention collective Syntec, par exemple, prévoit que le salarié ayant au moins 1 an d’ancienneté bénéficie d’un maintien de salaire sans carence. Un contrat de prévoyance qui imposerait une carence en contrepartie d’une meilleure indemnisation ne serait pas plus favorable au salarié. L’employeur aurait donc à compléter les indemnités versées par la Sécurité sociale et par, le cas échéant, l’organisme de prévoyance.
Une mesure temporaire. Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, jusqu’au 31 juillet 2022 inclus, l’employeur doit verser une indemnité complémentaire aux IJSS dérogatoires :
- sans que le salarié ait à justifier :
- ○ de conditions d’ancienneté ;
- ○ de son arrêt de travail dans les 48 heures ;
- ○ de l’endroit où il est soigné ;
- sans carence ;
- sans tenir compte de la durée d’indemnisation complémentaire pour maladie ou pour accident déjà versées aux cours des 12 mois antérieurs ; les indemnités complémentaires versées au titre de cet arrêt de travail ne sont pas non plus prises en compte pour le calcul de la durée totale d’indemnisation au cours de la période de 12 mois.
Un maintien de salaire… intégral ? L'indemnité complémentaire que vous devrez verser correspondra à :
- 90 % de la rémunération brute que le salarié aurait perçue s'il avait continué à travailler, durant les 30 premiers jours d’arrêt ;
- 2/3 de cette même rémunération pendant les 30 jours suivants.
La durée d’indemnisation peut être augmentée. Ces durées d'indemnisation sont augmentées de 10 jours par période entière de 5 ans d'ancienneté qui viennent s’ajouter à l’année d’ancienneté requise ; sans que chacune d'elle puisse dépasser 90 jours.
Quelle base de calcul pour l’indemnité ? Le complément des prestations de Sécurité Sociale est calculé selon la base du salaire moyen qu’aurait perçu le salarié au cours des 3 derniers mois s’il avait continué à travailler au poste qu’il occupait avant la suspension de son contrat de travail. S’il percevait une prime d’équipe par journée travaillée en équipe tournante, l’indemnité complémentaire que vous verserez devra intégrer le montant de cette prime.
A noter. Le montant des IJSS à prendre en compte pour assurer le complément d’indemnisation est le mondant brut, avant précompte de la CSG et de la CRDS.
Et même… Certaines conventions collectives peuvent faire référence au maintien du salaire net entier, en cas d’arrêt causé par une maladie professionnelle ou un accident du travail. Mais même dans cette situation, le montant des IJSS à prendre en compte pour assurer le complément d’indemnisation est le mondant brut, avant précompte de la CSG et de la CRDS.
Vérifiez votre convention collective ! Votre convention collective peut prévoir un maintien intégral de la rémunération du salarié placé en arrêt maladie.
Exemple dans les établissements et services pour personnes inadaptées. La convention collective applicables aux établissements et services pour personnes inadaptées prévoit qu’un salarié cadre en arrêt maladie doit percevoir, pour les 6 premiers mois d’arrêt, le salaire net qu’il aurait perçu s’il avait travaillé normalement ; pour les 6 mois suivants, le demi-salaire net qu’il aurait perçu s’il avait travaillé normalement. Ce qui inclut, selon le juge, les indemnités d’astreinte lorsque la réalisation d’astreintes antérieure rend vraisemblable le versement d’indemnités d’astreintes si le salarié n’avait pas été placée en arrêt de travail et lorsque ces indemnités d’astreintes apparaissent sur les bulletins de paie comme un élément de la rémunération brute de la salariée.
A retenir
Lorsqu’un salarié est malade, le temps de son absence, il peut percevoir des indemnités journalières versées par sa caisse de sécurité sociale. Mais il peut parfois prétendre à un complément d’indemnisation à votre charge.
- Articles L 1226-1 et suivants du Code du Travail
- Article D1226-3 du Code du Travail (carence)
- Article L 323-6 du Code de la Sécurité Sociale
- Article R 323-1 du Code de la Sécurité Sociale (carence)
- Décret n° 2013-266 du 28 mars 2013 relatif à la déclaration sociale nominative
- Loi n° 2016-1827 du 23 décembre 2016 de financement de la sécurité sociale pour 2017 (article 109)
- Loi n° 2021-1465 du 10 novembre 2021 portant diverses dispositions de vigilance sanitaire, article 13
- Décret n° 2014-953 du 20 août 2014 relatif aux modalités de calcul des indemnités journalières dues au titre de la maladie, de la maternité, des accidents du travail et des maladies professionnelles
- Décret n° 2020-73 du 31 janvier 2020 portant adoption de conditions adaptées pour le bénéfice des prestations en espèces pour les personnes exposées au coronavirus
- Décret n° 2020-193 du 4 mars 2020 relatif au délai de carence applicable à l'indemnité complémentaire à l'allocation journalière pour les personnes exposées au coronavirus
- Décret n° 2020-227 du 9 mars 2020 adaptant les conditions du bénéfice des prestations en espèces d'assurance maladie et de prise en charge des actes de télémédecine pour les personnes exposées au covid-19
- Arrêté du 28 juin 2013 fixant le modèle du formulaire « Attestation de salaire pour le paiement des indemnités journalières maladie, maternité/adoption, paternité/accueil de l'enfant, femme enceinte dispensée de travail »
- Arrêté du 26 septembre 2017 fixant le modèle du formulaire « Attestation de salaire délivrée par l'employeur dans le cas d'un arrêt de travail se prolongeant au-delà de six mois »
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 26 mai 2010, n° 08-41595 (attitude désinvolte justifiant une faute grave)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 9 décembre 2010, n° 09-16140 (participation à des activités sportives pendant les sorties libres)
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2ème chambre civile, du 9 décembre 2010, n° 09-14575 (suspension du versement des indemnités journalières)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 12 octobre 2011, n° 10-16649 (exercice d’une activité causant un préjudice à l’employeur)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 21 novembre 2012, n° 11-23009 (travail bénévole d’une salariée pendant son arrêt de travail et remboursement des IJSS)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 16 octobre 2013, n° 12-15638 (activité de pilote pendant un arrêt de travail)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 5 février 2014, n° 12-24250 (contre visite et suspension du maintien de salaire)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre mixte, du 21 mars 2014, n° 12-20002 et 12-20003 (arrêt de travail représentant du personnel et paiement des heures de délégation)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 28 janvier 2015, n° 13-18354 (activité professionnelle chez un concurrent pendant un arrêt de travail)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 16 mars 2016, n° 14-16588 (mention « sorties libres » et contre-visite médicale pendant des vacances du salarié)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 20 avril 2017, n° 16-10312 (attestation de salaire du salarié représentant du personnel)
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2ème chambre civile, du 15 juin 2017, n° 16-17567 (exercice d’un mandat de conseiller municipal pendant l’arrêt maladie)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 25 janvier 2017, n° 15-24119 (intégration d’une prime d’équipe dans la base de calcul de l’indemnisation de l’arrêt maladie)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 5 avril 2018, n° 16-18011 (prise en compte du montant brut des IJSS)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 13 juin 2018, n° 17-14482 (indemnités d’astreinte dans les établissements et services pour personnes inadaptées)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 13 juin 2019, n° 17-31711 (pas de délai de carence dans la Syntec)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 24 juin 2020, n° 18-23869 (formulaire d’arrêt maladie et indemnisation conventionnelle)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 23 septembre 2020, n° 19-15302 (prise en compte du montant brut des IJSS)