Installations classées (ICPE) : obtenir une autorisation préalable
ICPE : le dossier de demande d’autorisation
Définition d’une ICPE. Sont concernés par une installation classée pour la protection pour l’environnement (ICPE) « les usines, ateliers, dépôts, chantiers et, d'une manière générale, les installations exploitées ou détenues par toute personne physique ou morale, publique ou privée qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit pour l'agriculture, soit pour la protection de la nature, de l'environnement et des paysages, soit pour l'utilisation économe des sols naturels, agricoles ou forestiers, soit pour l'utilisation rationnelle de l'énergie, soit pour la conservation des sites et des monuments ainsi que des éléments du patrimoine archéologique ».
Pourquoi faut-il une autorisation ? Une autorisation préalable est nécessaire pour exploiter dès lors que l’activité que vous envisagez porte atteinte à la commodité du voisinage, à la santé, à la sécurité, à la salubrité publique, à la protection de la nature, etc.
À noter. Il existe 3 types de réglementations :
- la déclaration (c’est la procédure la plus simple qui concerne les activités les moins dangereuses) ;
- l’enregistrement (ou l’autorisation simplifiée) ;
- l’autorisation (procédure la plus lourde car les dangers sont plus importants).
Qui demande l’autorisation ? Il faut que la demande soit déposée par la personne qui a l’intention d’exploiter elle-même l’ICPE. À défaut, la demande ne peut pas être recevable. Ainsi, même si vous n’êtes pas propriétaire, vous pouvez quand même déposer une demande d’autorisation préalable.
Le saviez-vous ?
Il existe une nomenclature des activités concernées par une ICPE que vous pouvez trouver sur le site www.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr
Contenu de la demande. La demande d’autorisation, qui doit être rédigée en 7 exemplaires, doit notamment mentionner :
- pour une personne physique, ses nom, prénoms et domicile et, pour une personne morale, sa dénomination ou sa raison sociale, sa forme juridique, l'adresse de son siège social ainsi que la qualité du signataire de la demande ;
- l'emplacement sur lequel l'installation doit être réalisée ;
- la nature et le volume des activités que vous envisagez d'exercer ainsi que la ou les rubriques de la nomenclature dans lesquelles l'installation doit être rangée ;
- les procédés de fabrication qui seront mis en œuvre, les matières utilisées, les produits fabriqués, de manière à apprécier les dangers ou les inconvénients de l'installation ;
- le cas échéant, en exemplaire unique et sous pli séparé, les informations dont la diffusion vous apparaît de nature à entraîner la divulgation de secrets de fabrication ;
- les capacités techniques et financières de l'exploitant.
Quelles pièces au dossier ? Notez qu’à chaque exemplaire de la demande, il vous faut y joindre certaines pièces, notamment :
- une carte à l’échelle 1/25 000 ou, à défaut, au 1/50 000 sur laquelle sera indiqué l'emplacement de l'installation projetée ;
- une étude d'impact (précisez ici les risques auxquels l'installation peut exposer l’environnement) ;
- une étude de dangers ;
- une notice portant sur la conformité de l'installation projetée avec les prescriptions législatives et réglementaires relatives à l'hygiène et à la sécurité du personnel.
Secrets d’entreprise. Vous pouvez demander que certaines dispositions ne soient pas affichées pour garder notamment des secrets d’entreprise.
Garanties financières. Lorsque vous déposez une demande d’autorisation, vos capacités financières doivent être justifiées et sont vérifiées afin de s’assurer que votre projet est viable. À défaut de présentation de garanties financières, l’autorisation ne peut pas être obtenue, même si elle ne sert qu’à régulariser la situation d’une ICPE qui était déjà exploitée.
À noter. Les documents que vous présentez pour justifier de vos garanties financières doivent être précis. À défaut, vous serez considéré comme ne justifiant pas de vos capacités financières et l’autorisation vous sera refusée. C’est notamment ce qui a été jugé dans une affaire dans laquelle la société ne produisait :
- qu’une note « sur les principes de financement de projet d’une centrale électrique au gaz » explicitant la technique utilisée pour financer le projet ;
- et plusieurs lettres de banques attestant que le montage financier envisagé constitue une pratique courante dans le secteur d’activité de la société.
… pour autant… Pour que les insuffisances relevées rendent l’autorisation irrégulière, il faut qu’elles soient susceptibles d'exercer une influence sur le sens de la décision prise ou qu'elles ont pour effet de nuire à l'information complète du public. Si ce n’est pas le cas, l’autorisation est tout de même valablement délivré.
Le saviez-vous ?
Le seuil d’exigibilité de la garantie est de 100 000 €.
Pour rappel, les garanties ne couvrent pas les indemnisations dues par l’exploitant aux tiers qui pourraient subir un préjudice dû à une pollution ou accident causé par votre installation.
Enquête publique. Avant que l’exploitation de l’ICPE ne soit autorisée, une procédure publique est mise en place, sous l’égide d’un commissaire-enquêteur qui rédige un rapport à cette occasion. L’avis d’enquête indique la nature de l’installation. Notez qu’en cas d’indication insuffisante, l’autorisation peut être déclarée illégale.
À noter. Le conseil municipal de la Mairie où est situé le terrain sur lequel l’exploitation est envisagée doit donner son avis. Le conseil général tout comme le conseil régional peut également être amené à donner son avis, selon la dangerosité plus ou moins grande de votre activité.
Travaux. Si votre projet nécessite des travaux, ils ne peuvent commencer qu’après la clôture de l’enquête publique. Le permis de construire ou le récépissé de demande de permis de construire doit impérativement accompagner la demande d’autorisation. À défaut, l’autorisation sera refusée.
À noter. Si dans le cadre des travaux, vous envisagez d’installer des appareils photovoltaïques sur l’ICPE que vous allez exploiter afin d’effectuer des économies d’énergie, vous devez respecter des règles de sécurité.
Attention ! Ces règles de sécurité ne s’appliquent pas :
- aux ICPE soumises à autorisation dès lors qu’une analyse montre que les appareils photovoltaïques ne présentent aucun impact notable pour l’ICPE ;
- aux ICPE soumises à autorisation qui appartiennent aux rubriques 2101 à 2150 et 3660 de la nomenclature des ICPE.
Le saviez-vous ?
Pour rappel, si le récépissé de travaux n’est pas joint au dossier soumis à l'enquête publique, mais que cette absence est sans influence sur la décision d’autorisation de l’IPCE, l’autorisation n’est pas illégale.
ICPE : la délivrance de l’autorisation préalable
Qui délivre ? C’est la Préfecture qui délivre l’autorisation d’exploitation d’une ICPE. Lorsque l’exploitation concerne plusieurs départements ou régions, l'autorisation est accordée par le Ministre chargé des installations classées, après avis du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques.
Dans quel délai ? Une fois que la Préfecture a réceptionné le rapport rédigé par le commissaire-enquêteur, le préfet a 3 mois pour statuer. En cas d’'impossibilité de statuer dans ce délai, le préfet, par un arrêté motivé, peut fixer un nouveau délai.
Absence de réponse. Si la Préfecture ne répond pas dans le délai imparti, cela ne fait pas naître de décision implicite : le préfet reste tenu de statuer. Dès lors, si la décision est rendue après le délai, elle n’est pas illégale.
Autorisation sous réserves. L’exploitation peut être autorisée sous la condition de respecter certaines prescriptions que la Préfecture juge indispensable.
Durée de l’autorisation. L’autorisation est délivrée sans limite de durée, sauf pour les ICPE qui créent des dangers ou des inconvénients inacceptables du fait d'une utilisation croissante du sol ou du sous-sol. Dans ces cas, l'autorisation doit fixer la durée maximale de l'exploitation ou de la phase d'exploitation.
Validité de l'autorisation. Pour être valable, l’autorisation doit être conforme au plan local d'urbanisme (PLU) de la commune où doit être implantée l’ICPE. Par conséquent, une autorisation délivrée en violation des règles prévues par le PLU peut être annulée par le juge. Toutefois, si entre temps, les règles du PLU ont changé que l’autorisation est valide au regard des nouvelles règles qu’il contient, l’autorisation n’a pas à être annulée.
Mise en service. Une fois l’autorisation obtenue, vous avez 3 ans pour mettre en service l’exploitation. À défaut, l’autorisation cesse de produire ses effets. Des travaux peuvent interrompre le délai s’ils sont en rapport direct avec l'autorisation accordée et d'une importance suffisante pour être regardés comme interruptifs du délai de 3 ans.
À retenir
Vous devez être rigoureux dans le montage de votre dossier de demande d’autorisation préalable car les mentions à respecter sont très précises. Un commissaire-enquêteur sera nommé et procédera à une enquête publique sur l’ICPE que vous envisagez d’exploiter.
Une fois son rapport remis, le préfet aura 3 mois pour statuer. Il peut autoriser l’ICPE sous réserves. Une fois l’autorisation obtenue, vous avez 3 ans pour mettre en service l’installation.
J'ai entendu dire
J’ai entendu dire qu’il est possible d’instituer des servitudes d’utilité publique (charges imposées sur une propriété dans un but d’intérêt général) sur l’utilisation du sol d’une ICPE. Pouvez-vous m’expliquer dans quelles conditions ?Une servitude d’utilité publique sur l’utilisation du sol d’une ICPE peut limiter ou interdire certains usages susceptibles de porter atteinte au voisinage, à l’environnement, à l’agriculture, etc. Elle peut également limiter le droit d’implanter des constructions ou des usages ou d’aménager les terrains, le nombre des employés travaillant sur l’ICPE ou subordonner l’autorisation au respect de quelques prescriptions. La création de la servitude d’utilité publique est décidée sur requête du demandeur de l’autorisation ou du Maire de la commune concernée ou encore à l’initiative du préfet.
- Article L 425-10 du Code de l’Urbanisme (permis de construire)
- Article L 122-1 du Code de l’Environnement (étude d’impact)
- Articles L 511-1 et suivants du Code de l’Environnement (activités relevant de la réglementation des ICPE)
- Articles L 512-1 et suivants du Code de l’Environnement (réglementation ICPE soumises à autorisation préalable)
- Article L 515-8 et suivants du Code de l’Environnement (servitude d’utilité publique)
- Article R 122-5 du Code de l’Environnement (étude d’impact)
- Article R 123-1 du Code de l’Environnement (enquête publique)
- Article R 511-9 du Code de l’Environnement (nomenclature ICPE)
- Article R 516-2 du Code de l’Environnement (garantie financière)
- Article R 512-74 du Code de l’Environnement (fin de l’autorisation préalable)
- Arrêt du Conseil d’État, du 16 juin 1972, n° 82069 (qualité pour déposer la demande d’autorisation)
- Arrêt du Conseil d’État, du 30 avril 1980, n° 19242 (demande par le locataire ou le propriétaire)
- Arrêt du Conseil d’État, du 7 février 1986, n° 36746 (nullité de la procédure en cas d’absence de demande de permis de construire ou de récépissé de demande de permis de construire)
- Arrêt du Conseil d’État, du 9 juin 1995, n° 127763 (absence de réponse dans le délai imparti)
- Arrêt du Conseil d’État, du 30 juillet 1997, n° 147890 (délai de péremption suspendu pour cause de travaux importants)
- Arrêt du Conseil d’État, du 23 mai 2001 n° 201938 (absence de récépissé du dépôt de permis de construire)
- Arrêt du Conseil d’État, du 23 juin 2004, n° 247626 (vérification des capacités financières)
- Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Lyon, du 1er décembre 2005, n° 01-2553 (indication gravement insuffisante viciant l’enquête publique)
- Arrêt du Conseil d’État, du 22 février 2016, n° 384821 (documents justifiant de la garantie financière trop imprécis)
- Arrêt du Conseil d’État, du 16 décembre 2012, n° 391452 (appréciation de la légalité de l’autorisation par rapport au PLU en vigueur lors du jugement)
- Arrêté du 25 mai 2016 modifiant l'arrêté du 4 octobre 2010 relatif à la prévention des risques accidentels au sein des installations classées pour la protection de l'environnement soumises à autorisation
- Rapport au Président de la République relatif à l'ordonnance n° 2017-80 du 26 janvier 2017 relative à l'autorisation environnementale
- Ordonnance n° 2017-80 du 26 janvier 2017 relative à l'autorisation environnementale
- Arrêté du 24 septembre 2018 fixant les règles de calcul et les modalités de constitution des garanties financières prévues par l'article R. 516-2-I du code de l'environnement
- Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets
- Arrêt du Conseil d’État du 5 février 2024 no 463619 (information sur les capacités financières incomplètes mais pas rédhibitoire)