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Pendant combien de temps l'administration peut-elle rectifier le montant des impôts ?

Date de mise à jour : 16/02/2024 Date de vérification le : 01/07/2024 19 minutes

Voilà une question qui revient régulièrement : jusqu’à quand l’administration est-elle autorisée à envoyer une proposition de rectifications fiscales ? En réalité, cela va dépendre de la nature même de l’impôt. Faisons le point sur ce sujet.

Rédigé par l'équipe WebLex.
Pendant combien de temps l'administration peut-elle rectifier le montant des impôts ?

Elle doit agir avant l’expiration d’un certain délai

Qu’appelle-t-on le « délai de reprise » ? Il s’agit du délai pendant lequel l’administration est en droit de réparer les omissions, insuffisances ou erreurs commises dans l’établissement de l’impôt (on parle aussi de « délai de prescription »). En clair, il s’agit du délai pendant lequel l’administration peut notifier des redressements fiscaux : passé ce délai, elle ne peut plus rectifier le montant de l’impôt dû par vous ou par l’entreprise.

À ne pas confondre… L’impossibilité imposée à l’administration de revenir sur un exercice prescrit concerne son pouvoir de rectifier le montant des impôts et taxes. Son pouvoir de contrôle pourra, le cas échéant, être exercé sur un exercice prescrit, mais les conséquences financières d’un tel contrôle ne peuvent concerner que le résultat d’un exercice non prescrit : l’administration a donc le droit de vérifier les écritures d’un exercice comptable qui est normalement prescrit, si ces écritures ont une incidence sur les résultats du 1er exercice non couvert par cette prescription fiscale, ainsi que les exercices suivants.


Un délai variable selon les impôts et taxes

En matière d’impôt sur les bénéfices. L’administration doit agir (si elle entend rectifier vos bases d’impositions) avant le 31 décembre de la 3e année qui suit celle au titre de laquelle l’imposition est due.

Exemple. Pour rectifier le montant de l’impôt sur les sociétés dû au titre de 2023, elle doit agir avant le 31 décembre 2026 (ce même délai s’applique pour la taxe sur les salaires). Cela veut aussi dire que pour l’impôt sur les sociétés dû en 2019, vous êtes tranquille depuis le 31 décembre 2022.

En matière d’impôt sur le revenu. Le même délai que celui applicable à l’impôt sur les bénéfices vaut pour votre impôt sur le revenu : au 31 décembre 2026, l’administration ne pourra plus rectifier le montant de votre impôt personnel dû au titre de 2023.

En matière de TVA. Sont ici concernées la TVA et les diverses taxes spéciales sur le chiffre d’affaires et taxes annexes. Le point de départ du délai de reprise a pour origine le début de la période sur laquelle s’exerce le droit de reprise pour l’impôt sur les bénéfices et s’achève, en principe, au 31 décembre de la 3ème année suivant celle de la réalisation des opérations, ou, si votre exercice comptable ne coïncide pas avec l’année civile, suivant celle durant laquelle a été arrêté l’exercice de réalisation des opérations. Ce délai vaut également pour la taxe d’apprentissage, la participation de l’employeur à la formation continue et à l’effort à la construction.

En matière de cotisation foncière des entreprises. L’administration peut agir jusqu’au 31 décembre de la 3ème année qui suit celle au titre de laquelle la cotisation est due. C’est ainsi que pour les cotisations dues en 2023, le délai de reprise expire le 31 décembre 2026.

En matière de taxe foncière. Le délai d’action de l’administration est, ici, plus court puisqu’il expire le 31 décembre de l’année suivant celle au titre de laquelle l’imposition est établie.

En matière de droits d’enregistrements et d’impôt sur la fortune immobilière. Le délai de reprise expire le 31 décembre de la 3ème année qui suit celle au cours de laquelle l’exigibilité des impôts a été suffisamment révélée par un acte ou une déclaration, jusqu’au 31 décembre de la 6ème année dans le cas contraire (et notamment si l’administration doit effectuer des recherches complémentaires pur apprécier le montant des impôts dus).


Un délai qui peut être prolongé…

En cas de réclamation. L’administration pourra rectifier les insuffisances d’imposition qui seraient révélées par une réclamation contentieuse (ou en cours d’instance devant les juges) jusqu’à la fin de l’année suivant celle de la décision qui a clos l’instance et, au plus tard, jusqu’à la fin de la 10ème année qui suit celle au titre de laquelle l’imposition est due. Point important à connaître si vous envisagez de procéder à une réclamation contentieuse…

Autres hypothèses. Dans les cas suivants, l’administration dispose d’un délai de reprise plus long :

  • son délai de reprise expirera, par exception, à la fin de la 10ème année suivant celle au titre de laquelle l’impôt est dû ou suivant celle au cours de laquelle sont réalisées les opérations (pour la TVA) en cas d’exercice d’une activité occulte ;
  • depuis le 1er janvier 2018, elle dispose d’un même délai de 10 ans pour les personnes qui perçoivent des revenus distribués (par exemple des dividendes) par une entreprise se livrant à une activité occulte.
  • elle dispose d’un même délai de 10 ans en cas de recours à la procédure de flagrance fiscale ;
  • en cas de découverte d’agissements frauduleux, ayant donné lieu au dépôt d’une plainte par l’administration, le délai de reprise est étendu de deux années ;
  • lorsque l'administration a, dans le délai de reprise, déposé une plainte ayant abouti à l'ouverture d'une enquête judiciaire pour fraude, les omissions ou insuffisances d'imposition afférentes à la période couverte par le délai de reprise peuvent, même si celui-ci est écoulé, être réparées jusqu'à la fin de l'année qui suit la décision qui met fin à la procédure et, au plus tard, jusqu'à la fin de la 10ème année qui suit celle au titre de laquelle l'imposition est due (attention : ce délai spécial ne joue pas si l’administration disposait d’éléments suffisants lui permettant de connaître par ses propres moyens les omissions ou insuffisances en question dans le délai normal de reprise) ;
  • lorsque l’administration a sollicité une assistance administrative internationale, les omissions ou insuffisances d'imposition peuvent être réparées, même si le délai initial de reprise est écoulé, jusqu'à la fin de l'année qui suit celle de la réponse à la demande et au plus tard jusqu'à la fin de la 3ème année qui suit celle au titre de laquelle l'imposition est due.

En matière de taxe foncière. Vous devez savoir ici que les omissions ou les inexactitudes d’imposition, qui résulteraient du défaut ou de l’inexactitude des déclarations portant sur les constructions nouvelles, les changements de consistance ou les changements d’affectation, peuvent être réparées à tout moment.


Un délai qui peut être interrompu…

Qui dit « interruption » dit « nouveau délai »… Si la prescription est valablement interrompue, cela signifie que l’administration dispose, à la date de cette interruption, d’un nouveau délai de reprise pour mettre en recouvrement les impositions complémentaires.

En cas de proposition de rectifications. C’est ainsi que la prescription est valablement interrompue par la notification d'une proposition de rectifications fiscales. Encore faut-il qu’elle vous soit notifiée avant l’expiration du délai de reprise, et qu’elle soit « régulière »…

LRAR, Chronopost… Pour donner date certaine, l’administration fiscale recourt par envoi du courrier sous plis recommandé avec accusé réception. Mais elle peut recourir a d’autres moyens, comme la société Chronopost par exemple, sous réserve d’être en mesure de rapporter la preuve de la date de présentation du pli. A cet égard, le juge a rappelé que le document de suivi établi par la société Chronopost offre les mêmes garanties de preuve que le document de suivi d’une lettre recommandée avec AR.

Exemple. Suite à un contrôle fiscal, l’administration envoie à une société une proposition de rectifications, un 23 décembre. Mais la société ne l’a jamais reçue. De quoi faire annuler ce redressement, estime-t-elle. « Non », répond l’administration : le courrier a bien été envoyé dans les délais. Si la société ne l’a pas reçue, c’est simplement qu’elle n’a pas été le chercher. Pour preuve, le pli lui a été retourné le 9 janvier…

« Impossible », répond la société : son gérant s’est déplacé plusieurs fois pour récupérer le pli, sans succès puisqu’il aurait été perdu par la Poste. Elle produit d’ailleurs 2 attestations des services postaux en ce sens. Puisque l’administration ne fournit pas le courrier qui lui aurait été retourné, il n’est pas possible, pour le juge, de vérifier que la proposition a été envoyée dans les temps. Le redressement fiscal est donc annulé.

Le saviez-vous ?

Si vous êtes absent au moment de la remise du courrier et que vous n’avez pas pris les dispositions nécessaires pour faire suivre votre courrier, la date qui sera retenue comme valant date de réception de cette proposition de rectifications sera celle de la présentation du courrier.

Inversement, si vous avez pris vos dispositions, en prévoyant un ordre de réexpédition postale, ce dernier sera opposable à l’administration : concrètement, la date à retenir sera celle de la présentation du courrier à l’adresse de réexpédition.

Notez que les juges ont admis l’opposabilité de cet ordre de réexpédition, même en cas de changement temporaire d’adresse sur un lieu de vacances par exemple.

Ou encore… Il en sera de même si vous accomplissez un acte valant reconnaissance de votre part : vous faites une demande de délai de paiement (reconnaissant ainsi être débiteur des impôts concernés), vous versez un acompte d’impôt (reconnaissant par là le bien-fondé de cette imposition), etc.

À retenir

En matière de contrôle fiscal, il faut être patient : retenez que l’administration dispose d’un délai, en règle générale égal à 3 ans (en plus de l’année en cours) pour exercer d’éventuels redressements fiscaux. Ainsi, par exemple, votre impôt sur les sociétés dû en 2023 pourra être contrôlé et rectifié jusqu’au 31 décembre 2026. Inversement, l’impôt sur les sociétés dû au titre de 2020 ne pourra plus être rectifié après le 31 décembre 2023.
 

J'ai entendu dire

Le délai de prescription s’applique-t-il de la même manière aux amendes fiscales relatives aux impôts et taxes ?

En ce qui concernent les amendes fiscales qui sanctionnent une infraction aux règles de calcul des impôts et taxes, le délai de prescription qui leur est applicable est le même que celui qui s’applique aux impôts et taxes correspondants. Pour les amendes fiscales, la prescription est atteinte à la fin de la 4ème année suivant celle au cours de laquelle les infractions ont été commises.
 
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