Clause de non-concurrence commerciale : quel intérêt ?
Clause de non-concurrence commerciale : quel intérêt ?
2 intérêts. L’insertion d’une clause de non-concurrence peut aussi bien se faire dans l’intérêt du locataire que dans l’intérêt du bailleur.
L’intérêt du locataire. Le locataire peut réclamer l’insertion d’une clause de non-concurrence dans le bail commercial afin de protéger son activité : la clause a alors pour but d’interdire au bailleur de louer un autre local commercial à un concurrent près de celui du locataire. En pratique, la clause de non-concurrence est alors aussi appelée « clause d’exclusivité » dans cette situation.
L’intérêt du bailleur. La clause peut aussi être rédigée au profit du bailleur. Dans cette situation, le locataire va s’engager à ne pas concurrencer le bailleur à l’issue du bail commercial directement (en s’installant, par exemple, près du local loué) ou indirectement (en achetant les parts d’une société exploitant un fonds similaire de celui du bailleur).
Le saviez-vous ?
En matière commerciale, outre le bail commercial, une clause de non-concurrence peut se rencontrer dans plusieurs autres contrats : vente d’un fonds de commerce, location-gérance, franchise, cession de clientèle, cession de parts sociales, etc.
Clause de non-concurrence commerciale : des conditions précises
Quelles conditions de validité ? La Loi n’évoque pas la clause de non-concurrence commerciale. Ce sont donc les juges qui ont posé les conditions à respecter. Au fur et à mesure du temps, ils en ont dégagé 3 qui, si elles ne sont pas réunies, peuvent entraîner l’annulation de la clause de non-concurrence commerciale.
1re condition : une clause limitée dans le temps et l’espace. La clause doit être limitée dans le temps et l’espace. Il est important d’indiquer une durée précise et d’indiquer si la clause survivra au bail en cas de congé. De même, la limite dans l’espace devra être précise : soit elle sera limitée à la seule galerie marchande, soit elle sera intégrée à un périmètre géographique qui ne prête pas à interprétation. Petit détail ici, la distance doit être précisée « à vol d’oiseau » car, à défaut, les juges estiment qu’il faut mesurer la distance par la route.
2e condition : une clause proportionnée et légitime. La clause doit être proportionnée et légitime entre la protection des intérêts de son bénéficiaire et la liberté d’entreprendre. Cette condition impose aux parties de respecter une certaine mesure. Ainsi, le juge peut invalider une clause si les intérêts protégés ne sont pas clairement définis ou ne sont pas légitimes.
3e condition : la liberté du locataire est respectée. La clause ne doit pas interdire au locataire sa faculté de déspécialisation, protégée expressément par la Loi. La clause de non-concurrence ne doit donc pas l’empêcher d’exercer une activité annexe à l’activité principale qui est indiquée au bail.
Le saviez-vous ?
Le bénéficiaire de la clause de non-concurrence peut toujours y renoncer. Pour plus de sécurité juridique, il est conseillé de définir les modalités de la renonciation dans la clause de non-concurrence.
Bon à savoir. Une clause de non-concurrence insérée dans un contrat de travail doit comporter une contrepartie financière pour être valable. Tel n’est pas le cas pour une clause de non-concurrence commerciale.
Clause de non-concurrence commerciale : si elle est valable
La clause doit être respectée. Dans cette situation le contenu de la clause doit tout simplement être respecté par les 2 parties.
Sinon... Si la clause de non-concurrence n’est pas respectée, la partie victime peut réclamer les sanctions prévues là aussi par la clause de non-concurrence.
Clause de non-concurrence : si elle n’est pas valable…
Un vrai risque… Si le locataire ou le bailleur se voit dans l’obligation de respecter une clause qui s’avère nulle, il subit un préjudice qui peut justifier le paiement de dommages-intérêts.
En revanche… Si le locataire ou le bailleur ne respecte pas la clause de non-concurrence qui n’est pas valable, il ne peut pas prétendre à des dommages-intérêts.
Une conséquence… En présence d’une clause nulle, le locataire ou le bailleur retrouve toute sa liberté.
À retenir
La clause de non-concurrence commerciale doit respecter 3 conditions pour être valable : être limitée dans le temps et dans l’espace, être proportionnée et légitime et ne pas interdire au locataire sa faculté de déspécialisation. De plus, sachez que la clause peut être insérée, soit au bénéfice du bailleur, soit au bénéfice du locataire.
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre commerciale, du 2 octobre 2019, n° 18-15676 (clause de non-concurrence commerciale non-proportionnée)