Comprendre la tarification des risques d’accidents du travail et des maladies professionnelles
Détermination du taux de cotisation du risque AT/MP
Par établissement. Le mode de tarification de la cotisation relative aux accidents du travail (AT) et aux maladies professionnelles (MP) dépend de l’effectif de l’entreprise ; mais la tarification de cette cotisation dépend de l’activité exercée par établissement (chacun pris séparément, dans le cas des entreprises composées de plusieurs établissements).
Exemple. Une société qui exploite 2 fonds de commerce distincts (thalassothérapie et hôtellerie), situés à la même adresse mais dans des locaux distincts, faisant l’objet de 2 contrats de location-gérance distincts, doit être assujettie, pour chacun de ces établissements distincts, au taux de cotisation propre à leur activité.
3 modes de tarification. Il existe 3 modes de tarification selon l’effectif de l’entreprise (tout établissement confondu) :
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Hors Alsace-Moselle |
En Alsace-Moselle |
Tarification collective |
Entreprises de moins de 20 salariés |
Entreprises de moins de 50 salariés |
Tarification individuelle |
Entreprises d’au moins 150 salariés |
Entreprises d’au moins 150 salariés |
Tarification mixte |
Entreprises d’au moins 20 salariés et de moins de 150 salariés |
Entreprises d’au moins 50 salariés et de moins de 150 salariés |
Le saviez-vous ?
Par dérogation, la tarification collective s’applique, quel que soit l’effectif de l’entreprise :
- aux établissements nouvellement créés (pendant l’année de leur création et les années civiles suivantes) ;
- aux activités listées en annexe ;
- aux travailleurs à domicile qui constituent chacun un établissement distinct.
La tarification collective. Le taux de cotisation est déterminé, chaque année, par un barème national qui tient compte de l’activité exercée.
Le saviez-vous ?
A partir de 2024, le taux de cotisation des entreprises d’au moins 10 salariés pourra être majoré jusqu’à 10 % lorsqu’au moins un accident du travail par an sur les 3 années précédant l’année N-1 a entraîné un arrêt de travail.
Pour la cotisation de 2024, la Caisse tiendra alors compte des AT éventuellement survenus en 2020, 2021 et 2022.
La tarification individuelle. Cette tarification tient compte de la somme des coûts moyens des accidents du travail et des maladies professionnelles (sinistres) survenus dans votre établissement au cours des 3 années précédant l’année N-1 selon leur degré de gravité (caractérisé par la durée de l’arrêt de travail et éventuellement par la catégorie de l’incapacité permanente résultant du sinistre).
Exemple. Pour déterminer votre cotisation de 2021, la Caisse tient compte des sinistres survenus dans votre établissement sur les années 2017, 2018 et 2019.
Le saviez-vous ?
Une telle tarification a pour but de vous encourager à prévenir les accidents de travail en prenant des mesures en matière d’hygiène et de sécurité.
La tarification mixte. Cette tarification est un mélange de 2 autres : la Caisse va additionner une partie du taux déterminé en fonction du nombre de sinistres survenus dans votre établissement sur les 3 années précédant l’année N-1 à une fraction du taux collectif. Plus l'effectif de l'entreprise sera important, plus la proportion du taux individuel sera importante par rapport à celle du taux collectif.
Calcul du taux mixte (hors Alsace-Moselle) |
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Jusqu’en 2017 |
A partir du 1er janvier 2018 |
Taux individuel |
(Effectif - 19) ÷ 131 |
0,9 ÷ 130 × (Effectif - 20) + 0,1 |
Taux collectif |
1 - [(Effectif - 19) ÷ 131] |
1 - [0,9 ÷ 130 × (Effectif - 20) + 0,1] |
Calcul du taux mixte en Alsace-Moselle |
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Taux individuel |
(0,075 Effectif - 1,25) ÷ 10 |
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Taux collectif |
1 - [(0,075 Effectif - 1,25) ÷ 10] |
Le saviez-vous ?
L’entreprise soumise à la tarification individuelle ou mixte peut demander à bénéficier d’un taux unique de cotisations relatives au risque AT/MP pour l’ensemble de ses établissements ayant une même activité. Pour ce faire, elle doit adresser sa demande :
- à la caisse régionale de santé dont dépend son siège social ou son principal établissement situé en France, hors des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle ;
- par tout moyen permettant d’attester de la date de réception (idéalement par lettre recommandée avec AR) ;
- avant le quatrième trimestre (1er octobre) de l'année civile en cours pour une application au 1er janvier de l'année civile suivante.
Attention ! Cette demande est irrévocable : l’entreprise ne pourra plus, par la suite, demander que chaque établissement se voit appliquer un taux propre.
Calcul de l’effectif. Jusqu’en 2017, l’effectif annuel était déterminé sur la base d’une moyenne de l’effectif au dernier jour de chaque trimestre. Depuis le 1er janvier 2018, l’effectif annuel est déterminé sur la base de la moyenne mensuelle. Sont inclus :
- les apprentis ;
- les titulaires d'un contrat initiative-emploi, pendant la durée d'attribution de l'aide financière ;
- les titulaires d'un contrat d'accompagnement dans l'emploi pendant la durée d'attribution de l'aide financière ;
- les titulaires d'un contrat de professionnalisation jusqu'au terme prévu par le contrat lorsque celui-ci est à durée déterminée ou jusqu'à la fin de l'action de professionnalisation lorsque le contrat est à durée indéterminée.
=> Pour en savoir plus, consultez notre fiche Décompter vos effectifs
Une information annuelle. Chaque année, la Caisse régionale de santé dont vous dépendez (Carsat ou Cramif) vous adresse le taux de cotisation relatif au risque accident de travail et maladie professionnelle. Toutefois, aucune notification n’est effectuée pour certaines catégories de travailleurs, pour lesquelles le taux collectif est directement applicable.
=> Consultez notre annexe pour connaître les catégories de travailleurs concernées.
Une information dématérialisée. Les entreprises reçoivent par voie dématérialisée les notifications de taux AT/MP et leur classement de risques.
Adhésion au compte AT/MP impérative ! Cette notification dématérialisée nécessite, pour ces entreprises qui ne l’ont pas déjà fait, d’adhérer au compte AT/MP sur le site net-entreprises.fr. A défaut, une sanction est applicable, dans la limite de 10 000 € par établissement. Cette pénalité, due au titre de chaque année ou, à défaut, au titre de chaque fraction d'année durant laquelle l'absence d'adhésion au téléservice : " Compte AT/MP " est constatée, est égale :
- pour les entreprises de moins de 20 salariés, de 0,5 % du PASS (arrondi à l’euro supérieur) par salarié ou assimilé compris dans les effectifs de l'entreprise pour lesquels l'absence d'adhésion est constatée ;
- pour les entreprises de 20 à 149 salariés, de 1 % du PASS (arrondi à l’euro supérieur) par salarié ou assimilé compris dans les effectifs de l'entreprise pour lesquels l'absence d'adhésion est constatée ;
- pour les entreprises d’au moins 150 salariés, de 1,5 % du PASS (arrondi à l’euro supérieur) par salarié ou assimilé compris dans les effectifs de l'entreprise pour lesquels l'absence d'adhésion est constatée.
Ameli.fr. Vous trouverez plus de précisions concernant l’ouverture de ce compte AT/MP sur le site ameli.fr.
Cas du recours à l’intérim. Il n’est pas possible, pour une entreprise utilisatrice, de contester le taux d’incapacité d’un intérimaire fixé par la Caisse de sécurité sociale à la suite d’un accident de travail dont il a été victime. Le juge a rappelé que cette faculté n’était offerte qu’à l’employeur, c’est-à-dire à l’entreprise de travail temporaire.
Détermination de l’évolution du taux de cotisation du risque AT/MP
Evolution du risque. Votre taux de cotisation doit refléter le risque d’accidents que présente votre établissement, c’est pourquoi il évolue (outre les changements de barèmes, révisés chaque année). Il est donc possible de se voir appliquer une majoration, ou, au contraire mais sous conditions, de bénéficier de ristournes. Mais est-il possible de bénéficier d’une exonération de cotisations ?
Une exonération de cotisations possible ? Aucune exonération totale des cotisations relatives au risque AT/MP n’est possible.
Ristourne sur la cotisation AT/MP. La Caisse régionale de santé, de sa propre initiative ou sur demande de l’employeur, peut accorder des ristournes aux établissements :
- soumis à la tarification collective ou à la tarification mixte ;
- qui justifient d’efforts accomplis en vue de prévenir les accidents de travail par le biais de mesures efficaces ;
- à jour du paiement de leurs cotisations sociales et qui les ont régulièrement payées au cours des 12 derniers mois.
Montant de la ristourne sur cotisation AT/MP. La réduction de cotisation résultant de la ristourne accordée ne peut excéder 25 % du taux collectif.
Durée de la ristourne sur cotisation AT/MP. La ristourne est consentie à compter du 1er jour du mois civil qui suit la décision de la caisse et pour une durée maximale d’un an sans nouvel examen. Elle peut toutefois être supprimée ou suspendue par la caisse.
Ristourne sur la majoration pour accidents de trajet. Le taux net de cotisation tient compte de 4 majorations forfaitaires, dont l’une est liée aux accidents de trajets. Une ristourne (d’une valeur de 25 % pour les établissements cotisant au taux collectif) est possible à l’initiative de la caisse (après consultation du CSE) pour les établissements :
- qui justifient d’efforts accomplis en vue de prévenir la fréquence et la gravité des accidents de trajet par le biais de mesures efficaces ;
- à jour du paiement de leurs cotisations sociales et qui les ont régulièrement payées au cours des 12 derniers mois.
Le saviez-vous ?
Les établissements soumis à une tarification collective ou mixte peuvent bénéficier d’un cumul des ristournes, mais il est toutefois limité selon des règles spécifiques.
Des cotisations supplémentaires. La Caisse régionale de santé peut vous imposer une cotisation supplémentaire pour tenir compte des risques exceptionnels liés à votre exploitation :
- révélés par une infraction constatée par l’inspecteur du travail ;
- ou résultant d’une inobservation des mesures de prévention prescrites par une caisse d'assurance retraite et de la santé au travail étendues par arrêté ministériel ou de celles qu’elle vous a elle-même prescrites.
Montant de la cotisation supplémentaire. Le montant de la cotisation supplémentaire est au moins égal à 25 % de la cotisation normale sur une période de 3 mois sans pouvoir être inférieure à 1 000 €. Le montant de cette cotisation supplémentaire sera encore augmenté et porté à :
- 50 % si l’employeur n’a pas pris l'une des mesures dont la non-exécution a justifié cette cotisation supplémentaire dans un délai fixé par le comité technique régional (délai de 6 mois maximum) ;
- 200 % si l’employeur persiste à refuser de prendre l’une des mesures dont la non-exécution a motivé la cotisation supplémentaire initiale dans un délai de six mois à compter de l'expiration du 1er délai fixé par le comité technique régional.
En cas de faute inexcusable de l’employeur… Lorsqu’un salarié, victime d’un accident du travail, obtient la reconnaissance de la faute inexcusable de son employeur, il bénéficie d’une majoration de sa rente d’incapacité. Elle lui est versée par la Caisse de sécurité sociale qui en obtient le remboursement auprès de l’employeur responsable. Par suite, la Caisse régionale de santé peut appliquer à l’employeur la cotisation supplémentaire dans les mêmes conditions que précédemment.
=> Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre fiche : La faute inexcusable de l’employeur.
Refus de prise en charge d’un accident du travail. Notez que la décision de refus de prise en charge de l’accident que la Caisse lui notifie est définitive à l’égard de l’employeur, quand bien même le salarié la contesterait avec succès. Par conséquent, l’employeur n’aura pas, dans une telle hypothèse, à supporter les dépenses afférant à l’accident du salarié et à la majoration de sa rente d’incapacité, qui n’auront pas non plus à être inscrites à son compte AT/MP.
Le cas spécifique des personnels administratifs
Principe. Lorsque des salariés ne sont pas exposés aux risques de l’activité principale de l’entreprise (sont visés principalement les personnels administratifs), et pour le calcul de leur cotisation nécessaire à la couverture des accidents du travail, le taux retenu correspond à un taux réduit appelé taux « bureau ».
Mais... Les entreprises de moins de 20 salariés (qui relèvent du taux collectif) et de 20 à 149 salariés (qui relèvent du taux mixte) peuvent demander l’application du nouveau taux « fonctions supports de nature administrative » pour ce personnel administratif, installé dans des locaux non exposés aux autres risques de l’entreprise. Sont considérées comme fonctions supports de nature administrative (parce qu’elles concourent à la réalisation des tâches de gestion administrative communes à toutes les entreprises) : le secrétariat, l’accueil, la comptabilité, les affaires juridiques, la gestion financière et les ressources humaines.
À compter du 1er janvier 2020. Le taux « bureau » disparaît définitivement au profit du nouveau taux « fonctions supports de nature administrative ». Si vous n’êtes pas éligible à ce nouveau dispositif, ou en l’absence de demande de taux fonctions supports, un seul taux (celui de votre activité principale) deviendra applicable à l’ensemble de vos salariés à compter du 1er janvier 2020.
Concrètement. Pour les entreprises comptant plus de 149 salariés (en tarification individuelle), ce taux sera calculé en fusionnant le taux de l’activité principale (coûts moyens et salaires) avec celui du taux bureau. La suppression du taux bureau conduira donc à baisser le taux de l’activité principale qui s’appliquera à l’ensemble des salariés. Pour les autres entreprises qui souhaiteraient bénéficier du taux fonctions supports pour les personnels administratifs, et ainsi optimiser le coût de la cotisation accident du travail de l’entreprise le cas échéant, il faut se rapprocher de votre caisse régionale d’assurance retraite et de santé au travail (CARSAT) pour demander l’application de ce taux (il faudra vous munir d’un plan détaillé des locaux de l’entreprise).
À noter. L’application du taux fonctions supports sera effective au 1er jour du mois qui suit la réception de votre demande par votre caisse.
À retenir
Votre cotisation visant à mutualiser le coût des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles est déterminée par établissement et non par entreprise. Cependant, pour vous imposer un mode de tarification de la cotisation, l’effectif de l’entreprise doit être pris en compte. Le taux qui vous sera attribué pourra parfois être diminué ou augmenté pour tenir compte de votre action pour limiter la fréquence et la gravité des accidents de travail.
- Articles L241-5 du Code de la Sécurité sociale (pas d’exonération totale de cotisation)
- Articles L242-5 et L242-7 du Code de la Sécurité sociale
- Articles D242-6 et suivants du Code de la Sécurité sociale
- Loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la Sécurité sociale pour 2020 (article 83)
- Décret n° 2017-337 du 14 mars 2017 modifiant les règles de tarification au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles du régime général
- Décret n° 2020-1232 du 8 octobre 2020 généralisant la dématérialisation des notifications des décisions relatives au taux de la cotisation due au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles et au classement des risques dans les différentes catégories
- Arrêté du 19 septembre 1977 relatif à l’attribution de ristournes sur la majoration forfaitaire correspondant à la couverture des accidents de trajet
- Arrêté du 17 octobre 1995 relatif à la tarification des risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles
- Arrêté du 6 décembre 1995 relatif à l'application du dernier alinéa de l'article D. 242-6-11 et du I de l'article D. 242-6-14 du code de la sécurité sociale relatifs à la tarification des risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles
- Arrêté du 9 décembre 2010 relatif à l'attribution de ristournes sur la cotisation ou d'avances ou de subventions ou à l'imposition de cotisations supplémentaires en matière d'accidents du travail ou de maladies professionnelles
- Arrêté du 11 juillet 2017 abrogeant l'article 2 de l'arrêté du 17 octobre 1995 modifié relatif à la tarification des risques d'accidents du travail et des maladies professionnelles (décompte d’effectif)
- Arrêté du 8 octobre 2020 fixant les modalités de la notification électronique des décisions mentionnées au quatrième alinéa de l'article L. 242-5 du code de la sécurité sociale
- Arrêt de la Cour de cassation, 2ème chambre civile, du 15 mars 2018, n° 16-19043 (intérim et contestation du taux d’incapacité)
- Arrêt de la Cour de cassation, 2ème chambre civile, du 21 juin 2018, n° 17-20279 (tarification et établissements distincts)
- Arrêt de la Cour de cassation, 2e chambre civile, du 8 octobre 2020, n° 19-13730 (refus de prise en charge définitif à l’égard de l’employeur)
- Net-entreprises.fr, Actualité du 15 juin 2021 : Cotisations AT/MP : obligation légale de dématérialisation des taux
- Urssaf.fr, Actualité du 14 juin 2021, Cotisations AT/MP : obligation légale de dématérialisation des taux
- Ameli.fr, 13 juillet 2021, Compte AT/MP : Ouvrir un compte AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles)
- Actualité de ameli.fr du 2 novembre 2023 : « Inscrivez-vous au compte AT/MP avant le 11 décembre 2023 ! »