Financer la formation continue : si vous employez au moins 11 salariés
Participation à la formation continue : qui paie ?
Toutes les entreprises ! Dès lors que votre entreprise verse des rémunérations, elle est soumise à la participation à la formation continue, quels que soient son activité, sa forme juridique ou encore son régime d'imposition.
Une distinction à faire... Les modalités de calcul de cette contribution seront toutefois différentes selon que votre entreprise compte un effectif de moins de 11 salariés ou au moins 11 salariés. Pour le décompte des salariés, vous devez retenir l’effectif calculé au 31 décembre, tous établissements confondus, qui est égal à la moyenne des effectifs déterminés chaque mois de l'année civile (tenir compte des salariés titulaires d'un contrat de travail le dernier jour de chaque mois, y compris des salariés absents).
Sauf… Il ne faut pas tenir compte, notamment et le cas échéant, des apprentis, des titulaires d'un contrat initiative-emploi, pendant la durée de la convention, des titulaires d'un contrat d'accompagnement dans l'emploi pendant la durée de la convention, des titulaires d'un contrat de professionnalisation jusqu'au terme prévu par le contrat lorsque celui-ci est à durée déterminée ou jusqu'à la fin de l'action de professionnalisation lorsque le contrat est à durée indéterminée, des salariés mis à disposition par une entreprise de travail temporaire.
Participation à la formation continue : une contribution à verser (avant le 1er janvier 2019)
Une contribution unique à payer. Une entreprise qui emploie au moins 11 salariés doit verser à un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) une contribution égale à 1 % des rémunérations versées (1,3 % pour les entreprises de travail temporaire), voire 0,8 % sous conditions.
1 % ou 0,8 % ? Cette contribution est ramenée à 0,8 % si, dans le cadre d’un accord d’entreprise conclu pour 3 ans, il est prévu que l’entreprise consacre 0,2 % des rémunérations versées pendant l’année au financement du compte personnel de formation de ses salariés et à son abondement. Attention : si vous ne respectez pas cet engagement, c’est-à-dire lorsqu’à l'issue des 3 ans, les dépenses s’avèrent inférieures à 0,2 % de la masse salariale des trois années couvertes par l'accord, vous devrez verser à l’OPCA une somme égale à la différence entre ce montant total et les dépenses effectivement consacrées au financement du compte personnel de formation de vos salariés et à son abondement.
Quand ? Cette contribution doit être versée à l’OPCA avant le 1er mars de l’année suivant celle au titre de laquelle elle est due. Ainsi, la contribution due au titre de l’année 2017 doit être versée avant le 1er mars 2018.
Le saviez-vous ?
Une entreprise qui vient de franchir le seuil de 11 salariés bénéficie d’un dispositif qui permet d’atténuer cet effet de seuil (sauf si ce franchissement est lié à la reprise d’une entreprise au cours de l’une des 3 années précédentes). Concrètement, l’entreprise continuera à relever du régime des entreprises de moins de 11 salariés pendant 3 ans, puis elle sera soumise au régime des entreprises employant au moins 11 salariés avec le bénéfice d’un taux réduit égal :
- 0,7 % au titre de l’année N + 3,
- 0,9 % au titre de l’année N + 4,
Ce n’est qu’à partir de la 5ème année qu’elle sera effectivement soumise à la contribution au taux de 1 %.
A noter. Pour les employeurs qui ont atteint, au titre de 2015, pour la première fois, l'effectif de 10 salariés et qui, au titre de 2016, ont atteint ou dépassé l'effectif de 11 salariés, les taux précités s'appliquent à compter de 2016. Pour les employeurs qui ont atteint ou dépassé au titre de 2015, pour la première fois, l'effectif de 11 salariés, les taux précités s'appliquent à compter de 2015.
A noter (bis). Pour les employeurs qui ont atteint au titre de 2015, pour la première fois, l'effectif de 10 salariés et si cet effectif de 10 salariés est maintenu en 2016 et les années suivantes, le taux de la participation est le taux de 0,55 % applicable aux employeurs occupant moins de 11 salariés. Dans l'hypothèse où ces employeurs ont atteint ou dépassé au titre de 2016 ou d'une année ultérieure, l'effectif de 11 salariés, les taux précités s'appliquent à compter de cette même année.
Une mesure de tolérance. Si vous avez franchi le seuil de 10 salariés avant le 1er janvier 2015 (seuil d'effectif applicable à l'époque), vous bénéficierez du dispositif de lissage suivant :
Date de franchissement du seuil de 10 salariés |
Taux en 2015 |
Taux en 2016 |
Taux en 2017 |
Taux en 2018 |
Taux en 2019 |
2010 |
0,90 % |
1 % |
1 % |
1 % |
1 % |
2011 |
0,90 % |
1 % |
1 % |
1 % |
1 % |
2012 |
0,70 % |
0,90 % |
1 % |
1 % |
1 % |
2013 |
0,55 % |
0,70 % |
0,90 % |
1 % |
1 % |
2014 |
0,55 % |
0,55 % |
0,70 % |
0,90 % |
1 % |
Sur quelle base ? La base de calcul de la participation à la formation continue correspond à celle retenue pour le calcul des cotisations sociales : vous devez donc prendre en compte l'ensemble des sommes versées en contrepartie ou à l'occasion du travail, notamment les salaires ou gains, les indemnités de congés payés, les indemnités, primes, gratifications et tous autres avantages en argent, les avantages en nature, etc.
Quelle répartition ? La répartition varie selon le nombre de salariés employés dans l’entreprise.
Répartition des versements |
Entreprises de 11 à moins de 50 salariés |
Entreprises de 50 à moins de 300 salariés |
Entreprises d’au moins 300 salariés |
Plan de formation |
0,20 % |
0,10 % |
- |
Professionnalisation |
0,30 % |
0,30 % |
0,40 % |
Congé individuel de formation |
0,15 % |
0,20 % |
0,20 % |
Fonds de sécurisation des parcours professionnels |
0,15 % |
0,20 % |
0,20 % |
Compte personnel de formation * |
0,20 % |
0,20 % |
0,20 % |
TOTAL |
1 % |
1 % |
1 % |
* Si l’entreprise est couverte par un accord d’entreprise, cette quote-part de contribution n’est pas à verser à l’OPCA.
Si vous employez des salariés en CDD… Dans ce cas, vous êtes redevable d'une contribution spécifique, calculée au taux de 1 % sur la base des rémunérations qui leur sont versées (cette contribution n'est pas due si le CDD est suivi d'un contrat à durée indéterminée). La contribution doit être versée à un organisme paritaire collecteur agréé avant le 1er mars de l’année qui suit celle du paiement des salaires.
Sauf. Certains CDD ne sont pas pris en compte pour le calcul de cette contribution (notamment les CDD conclus dans le cadre d’un contrat d’accompagnement dans l’emploi, d’un contrat d’avenir, d’un contrat de professionnalisation, d’un contrat d’apprentissage, etc.).
Ne pas tenir compte… Certaines rémunérations échappent, toutefois, à cette taxe : sont notamment exonérées en totalité les rémunérations versées aux apprentis dans les entreprises de moins de 11 salariés, cette exonération étant limitée à 11 % du SMIC (soit 212030.11 € pour l’année 2024) dans les autres entreprises.
Attention. Si le montant de votre contribution est insuffisant, vous devrez régulariser les versements effectivement dus, votre versement étant majoré de l’insuffisance constatée.
Une déclaration. Avec la mise en place de la DSN, les informations relatives à la participation de l’employeur à la formation continue doivent être déclarées directement dans la dernière déclaration sociale nominative déposée au titre de l’année civile (en janvier N+1 en pratique).
En cas de désaccord. Les différends qui portent sur le contrôle et le contentieux de la participation des employeurs à la formation professionnelle continue sont gérés de manière identique à ceux portant sur les taxes sur le chiffre d’affaires : ils sont donc portés devant le juge administratif.
Participation à la formation continue : une contribution à verser (à partir du 1er janvier 2019)
A partir du 1er janvier 2019. Les entreprises d'au moins 11 salariés devront verser une contribution à la formation professionnelle de 1 % du montant du revenu d'activité retenu pour le calcul des cotisations sociales. Les rémunérations versées aux apprentis sont exonérées de cette contribution, ainsi que les rémunérations exonérées de taxe sur les salaires. Il s’agit des :
- salaires versés à l'occasion de manifestations de bienfaisance et de soutien ;
- rémunérations versées à l’occasion des contrats d'accompagnement, contrats d'insertion par l'activité, contrats emploi-jeune ;
- rémunérations versées pour l'emploi de salarié(s) à domicile ou d'assistant maternel ;
- rémunération des salariés « impatriés » ;
- salaires du conjoint de l'exploitant ou de l'associé d'une société de personnes ;
- rémunérations versées aux enseignants des centres de formation des apprentis ;
- augmentation de capital réservée aux adhérents d'un plan d'épargne entreprise ;
- contributions versées aux fonds d'assurance-formation ;
- rémunérations versées par les centres techniques industriels ;
- rémunérations versées au personnel des cantines ;
- rémunérations des armateurs et sociétés d'armement à la pêche en mer ;
- indemnité de garantie des ouvriers dockers ;
- indemnités servies par les caisses de congés payés ;
- sommes allouées aux personnels communaux par des associations constituées à cet effet par les communes ;
- indemnités hospitalières allouées aux étudiants en médecine ;
- indemnités temporaires et prestations servies aux victimes d'accidents du travail ;
- indemnités journalières versées aux salariés en cas de maladie ;
- rémunérations versées aux personnels mis à la disposition d'un établissement d'enseignement supérieur consulaire et organisant des formations conduisant à la délivrance, au nom de l'État, d'un diplôme sanctionnant 5 années d'études.
Franchissement du seuil de 11 salariés. Une entreprise qui vient, pour la 1ère fois, de franchir le seuil de 11 salariés (sauf si ce franchissement est lié à la reprise d’une entreprise ayant employé au moins 11 salariés au cours de l’une des 3 années précédentes) restera soumise, pendant les 2 années suivantes, au taux de 0,55 %. Un Décret doit néanmoins déterminer les modalités de calcul des réductions de versement qui résultent de cette situation.
Si vous employez des CDD. Vous serez redevable d’une contribution, maintenue au taux de 1 %, destinée au financement du compte personnel de formation de ces salariés. Elle n’est pas due ni pour les intermittents du spectacle ou les sportifs et entraîneurs professionnels employés en CDD, ni pour les CDD saisonniers.
Spécificité concernant le département de Mayotte. Un Décret doit prévoir les modalités selon lesquelles le plafond de la sécurité sociale de Mayotte ne serait progressivement plus pris en compte pour le taux de la contribution à la formation continue versée par l’employeur d'au moins 11 salariés au titre des années 2018, 2019, 2020 et 2021.
Si vous êtes une entreprise de travail temporaire. Votre contribution est égale à 1,3 % des rémunérations versées. Un accord de branche détermine la répartition de la contribution versées par les employeurs au titre de leur participation au financement de la formation continue. En fonction de la taille des entreprises, cette répartition ne peut déroger aux parts minimales consacrées, en application de la Loi ou des règlements, au financement dû au titre de l’alternance, de l’aide au développement des compétences des salariés des entreprises de moins de 50 salariés, du CPF, de l’aide à la formation des demandeurs d’emplois et du conseil en évolution professionnelle.
Comment décompter vos effectifs ? Pour calculer les effectifs des entreprises d’intérim, dans le but de déterminer le taux de participation dont elles doivent s’acquitter, il faut prendre en compte les salariés ayant effectué au moins 3 mois de mission d’intérim au cours de l’année de versement des rémunérations, sous réserve qu’ils aient été titulaires d’un contrat de travail au cours du dernier jour de l’un des mois de l’année de versement de ces mêmes rémunérations.
Si vous employez des intermittents du spectacle. Le taux de cotisation à la formation professionnelle continue, due par les employeurs qui occupent un ou plusieurs salariés intermittents du spectacle vivant ou enregistré, peut être fixé par une convention ou un accord professionnel national étendu, selon une participation unique au développement de la formation professionnelle, quel que soit le nombre de salariés occupés. Il ne peut pas être inférieur à 2 % des rémunérations versées pendant l'année en cours. Cet accord détermine la répartition de la contribution à la formation professionnelle continue, entre le compte personnel de formation, l’aide au développement des compétences et les actions de formation au bénéfice des demandeurs d’emploi. En raison de la suppression de la contribution au titre du CIF, du plan de formation, et du fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, les répartitions sont revues. Elles ne peuvent être désormais inférieures à :
- 0,35 % des rémunérations versées au titre du compte personnel de formation ;
- 1,10 % au titre de l’aide au développement des compétences ;
- 0,10 % au titre des actions de formation au bénéfice des demandeurs d’emploi.
Participation à la formation continue : pour les années 2019 et 2020
Participation due pour l’année 2019. Vous devrez verser à votre Opco un acompte correspondant à 75 % de la taxe (basée sur la masse salariale de 2018) avant le 15 septembre 2019, le solde (ainsi que l’éventuelle régularisation) étant à payer avant le 1er mars 2020.
A noter. Le versement de la contribution supplémentaire à l'apprentissage (CSA), ainsi que le versement de la contribution dédiée au financement du compte personnel de formation pour les titulaires d'un contrat à durée déterminée (CPF-CDD) devront, pour l’année 2019, être opérés avant le 1er mars 2020.
Participation due pour l’année 2020. La contribution due au titre de l’année 2020 fera, quant à elle, l’objet de 3 versements :
- un premier acompte à verser avant le 1er mars 2020, à hauteur 60 % de la contribution basée sur la masse salariale de 2019 ;
- un second acompte à verser avant le 15 septembre 2020, à hauteur de 38 % de la contribution basée sur la masse salariale de 2019 ;
- le solde (éventuellement corrigé selon la masse salariale de 2020) à verser avant le 1er mars 2021.
A noter bis. Le versement de la contribution supplémentaire à l'apprentissage (CSA), ainsi que le versement de la contribution dédiée au financement du compte personnel de formation pour les titulaires d'un contrat à durée déterminée (CPF-CDD) devront, pour l’année 2020, être opérés avant le 1er mars 2021.
Et pour 2021 ? C’est en principe l’une des dernières années que ce versement s’effectue auprès des OPCO, le recouvrement de ces taxes ayant été transféré aux Urssaf pour les sommes dues au titre des rémunérations de l’année 2022.
Précisions. Au titre de l'année 2021, les employeurs de plus de 11 salariés doivent s’acquitter de la contribution unique à la formation professionnelle et de la taxe d’apprentissage par 2 acomptes :
- un acompte de 60 % du montant qui a été versé avant le 1er juillet 2021 ;
- un acompte de 38 % du montant dû à verser avant le 15 septembre 2021.
1er acompte… Le 1er acompte a été calculé selon la masse salariale de 2020, ou, en cas de création d'entreprise, selon une projection de la masse salariale de 2021.
2nd acompte… Le 2nd acompte est, dans tous les cas, calculé par rapport à une projection de la masse salariale de 2021.
Solde restant. Pour votre information, le solde restant éventuellement dû devra être versé avant le 1er mars 2022, selon des modalités qui seront fixées par décret à paraître.
Participation à la formation continue : des actions à mener
Une obligation pour l’employeur ! D’une manière générale, vous restez tenu d’une obligation de formation à l’égard de vos salariés. Voilà pourquoi vous devez en permanence assurer l’adaptation de vos salariés à leur poste de travail, veiller au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations et proposer des formations qui participent au développement des compétences (ces actions peuvent être mises en œuvre dans le cadre d’un plan de formation ou, à partir du 1er janvier 2019, d’un plan de développement des compétences).
A noter. Les dépenses financées dans le cadre de ces formations ne peuvent pas venir s’imputer sur les contributions dues au titre de la formation continue.
Attention. Le défaut de respect de cette obligation peut conduire un salarié à vous demander une indemnisation pour le préjudice subi du fait d’une absence de formation. Au-delà de cet aspect réglementaire, il ne faut, en tout état de cause, pas perdre de vue qu’assurer la formation des collaborateurs doit s’analyser comme un investissement pour l’entreprise.
A retenir
Les modalités de calcul diffèrent selon la taille de l’entreprise. Pour les entreprises d’au moins 11 salariés, votre contribution au titre de la formation continue est égale à 1 % du montant des salaires versés.
Elle doit être versée au plus tard le 1er mars de l’année suivant celle au titre de laquelle elle est due (avant le 1er mars 2019 pour la contribution 2018), sous réserve de quelques aménagements pour les années 2019 et 2020.
- Articles 235 ter D à 235 ter JA du Code Général des Impôts
- Article L 6321-1 du Code du Travail (obligation de formation des salariés)
- Articles L 6331-9 et suivants du Code du Travail
- Article R 6331-12 du Code du Travail (dispositif de lissage)
- Articles L 6322-37 et suivants du Code du Travail (CDD)
- BOFiP-Impôts-BOI-TPS-FPC
- Loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, article 10 (réforme financement formation professionnelle continue)
- Loi de Finances pour 2016 n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 (article 15)
- Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, article 38
- Ordonnance n° 2019-861 du 21 août 2019 visant à assurer la cohérence de diverses dispositions législatives avec la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel
- Décret n° 2014-968 du 22 août 2014 relatif aux contributions des entreprises au titre de la formation professionnelle continue
- Décret n° 2018-1331 du 28 décembre 2018 relatif à l'organisation et au fonctionnement de France compétences
- Décret n° 2019-1326 du 10 décembre 2019 relatif à France compétences et aux opérateurs de compétences
- Ordonnance n° 2021-797 du 23 juin 2021 relative au recouvrement, à l'affectation et au contrôle des contributions des employeurs au titre du financement de la formation professionnelle et de l'apprentissage
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 9 mai 2018, n° 17-14634 (contentieux de la participation de l’employeur à la formation professionnelle)
- Arrêt du Conseil d’Etat du 28 novembre 2018, n°420951 (décompte des effectifs d’une entreprise d’intérim)
- Décret n° 2020-1739 du 29 décembre 2020 relatif au recouvrement et à la répartition des contributions dédiées au financement de l'apprentissage et de la formation professionnelle (Article 3, III)