Organiser une reprise en mi-temps thérapeutique
Qu’est-ce qu’un mi-temps thérapeutique ?
Un « mi-temps », pas forcément. L’appellation « mi-temps » renvoie à un temps partiel correspondant à la moitié de la durée de travail pratiquée dans l’entreprise. Mais un « mi-temps thérapeutique » n’est pas forcément un temps partiel à 50 %. Une durée de travail à 80 % pour des raisons thérapeutiques pourrait tout à fait s’envisager.
Pour qui ?Depuis le 1er janvier 2019, le temps partiel thérapeutique peut être proposé à :
- tout salarié dès lors que le maintien au travail ou la reprise du travail et que le travail effectué sont reconnus comme étant de nature à favoriser l’amélioration de son état de santé ;
- tout salarié, reconnu travailleur handicapé, qui doit faire l'objet d'une rééducation ou d'une réadaptation professionnelle pour recouvrer un emploi compatible avec son état de santé.
Le saviez-vous ?
Avant le 1er janvier 2019, le temps partiel thérapeutique ne pouvait être proposé qu’à un salarié en arrêt de travail, si la reprise du travail et si le travail effectué étaient reconnus comme étant de nature à favoriser l'amélioration de son état de santé. Le mi-temps thérapeutique faisait donc immédiatement suite à un arrêt maladie.
Ce n’est plus le cas désormais : il n'est plus impératif que le temps partiel thérapeutique soit précédé d'un arrêt de travail. Cela s'applique depuis le 1er janvier 2019 pour le salarié qui a subi une maladie ou un accident non professionnel, et depuis le 1er janvier 2020 pour le salarié qui a subi une maladie ou un accident professionnel.
Une procédure spécifique. Lorsque le médecin traitant d'un salarié estime que l'exercice d’une activité à temps partiel peut lui être bénéfique d’un point de vue thérapeutique, il établit un certificat médical en ce sens. Le salarié doit en informer la CPAM et lui adresser :
- le certificat médical de son médecin traitant l’autorisant à reprendre son activité à temps partiel pour des raisons thérapeutiques ;
- une attestation de son employeur indiquant la nature exacte de son emploi ainsi que la rémunération correspondante ; tout changement concernant l’un ou/et l’autre de ces éléments doit faire l’objet d’une nouvelle attestation.
Le saviez-vous ?
En cas de désaccord entre le médecin conseil et le médecin traitant du salarié, ce dernier doit faire l’objet d’une expertise médicale.
Rôle du médecin du travail. Si le temps partiel thérapeutique suit un arrêt de travail et bien qu’il ne soit pas obligatoire d’organiser une visite médicale après une absence de moins de 30 jours pour cause d’accident du travail ou d’accident ou de maladie non professionnels, il peut être utile de se rapprocher de lui pour évaluer l’aptitude du salarié à occuper son emploi à temps partiel. Si l’absence a duré au moins 30 jours, la visite de reprise est impérative. Si l’absence a duré plus de 3 mois, le médecin du travail, dans le cadre d’une visite de pré-reprise, peut proposer au salarié et au médecin conseil une reprise en mi-temps thérapeutique.
Un temps partiel comme les autres ? Le mi-temps thérapeutique est un temps partiel, effectivement, qui fait immédiatement suite à un arrêt de travail. Il est sollicité par le médecin traitant du salarié et autorisé par le médecin conseil de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Il s’agit d’une modification temporaire de la durée de travail, laquelle doit donc faire l’objet d’un avenant pour plus de sécurité.
Quel est le statut du salarié en mi-temps thérapeutique ?
Mi-temps thérapeutique suite à un arrêt maladie. Lorsque le salarié reprend à temps partiel pour raison thérapeutique, son contrat de travail n’est plus suspendu (ce qui était le cas en période d’arrêt maladie). Vous ne pouvez donc pas considérer qu’il est en arrêt maladie pour le temps où il n’occupe pas son poste. Et puisque le contrat n’est plus suspendu, votre salarié doit reprendre son activité (dans la limite du temps partiel prévu).
Paiement du salaire. En contrepartie du travail accompli par le salarié, vous devez, bien évidemment, reprendre le versement des salaires correspondants. A moins que votre convention collective ne l’impose, vous n’êtes pas obligé de verser un complément de rémunération.
Recours devant l’inspection du travail. Si vous n’êtes pas d’accord avec le placement de votre salarié en temps partiel thérapeutique, vous avez la possibilité d’exercer un recours devant l’inspection du travail afin d’annuler la décision du médecin du travail. Vous devrez néanmoins continuer à rémunérer votre salarié dans l’attente de la décision de l’inspecteur.
Le saviez-vous ?
En complément de son salaire, le salarié pourra éventuellement prétendre aux indemnités journalières versées par la Sécurité sociale (sans délai de carence en cas de mise en place du temps partiel thérapeutique pour un salarié victime d’une maladie ou d’un accident non professionnel).
Et paiement des charges sociales. Puisque vous devez verser au salarié une rémunération correspondant au travail qu’il accomplit, vous devez déclarer et payer les cotisations sociales afférant à cette rémunération.
A retenir
Le passage d’un salarié à mi-temps thérapeutique vous impose de la rigueur : cet aménagement de son temps de travail a vocation à contribuer à l’amélioration de son état de santé. C’est pourquoi, il est tout de même recommandé de vous rapprocher du médecin du travail : rappelons que vous êtes tenu d’une obligation de sécurité à l’égard de vos salariés !
- Articles L323-3, L323-4-1 et R323-3 du Code de la Sécurité sociale
- Article L433-1 du Code de la Sécurité sociale
- Loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la Sécurité sociale pour 2019, article 50
- Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2020 du 24 décembre 2019, n° 2019-1446, article 85
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 4 octobre 2017, n° 16-20034 (temps partiel sans avenant)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 3 février 2021, n° 19-24102 (temps partiel thérapeutique suite à arrêt maladie et contestation de l’employeur)
- Arrêt de la Cour de cassation, chambre sociale, du 14 décembre 2022, n° 21-21411 (dépassement de la durée maximale de travail et indemnisation)