Effarouchement des ours bruns dans les Pyrénées : quelles règles ?
L’effarouchement : une solution d’exception
Pour rappel, il est interdit de perturber intentionnellement une espèce protégée, sauf si 2 conditions sont réunies :
- il n’existe pas de solution alternative satisfaisante ;
- la dérogation ne nuit pas au maintien des populations de l’espèce en question dans son aire de répartition naturelle.
Un principe qui a soulevé quelques interrogations lorsqu’il a été question de l’effarouchement des ours bruns dans les Pyrénées. Un 1er arrêté, en effet, avait autorisé la méthode de l’effarouchement, simple ou renforcé, afin de protéger les élevages.
Jugé pas assez protecteur envers les femelles en gestation ou accompagnées de leurs petits, il a été annulé. Il est aujourd’hui remplacé par un nouveau texte, qui apporte de nouvelles précisions :
- l’effarouchement expérimenté est efficace pour protéger les troupeaux ;
- il n’a pas été observé de conséquence négative sur les femelles (séparation avec leurs oursons ou augmentation du risque d’avortement) ;
- la population d’ours continue sa croissance, même avec l’effarouchement.
Le Gouvernement a donc décidé de maintenir cette méthode qui est encadrée par des agents de l’État.
Ainsi, l’effarouchement doit être autorisé par le préfet. Son accord n’est donné que si un troupeau est à proximité d’un ours et que des mesures de protection autres ont déjà été prises, mais se révèlent insuffisantes.
La demande d’autorisation peut être déposée par un éleveur, un groupement pastoral ou un gestionnaire d’estive (pâturage en montagne exploité l’été).
Pour obtenir l’accord du préfet, les intéressés doivent pouvoir justifier d’un certain nombre d’attaques sur l’estive :
- une dans les 12 derniers mois ;
- ou 4 cumulées au cours des 2 dernières années ;
- ou 10 en moyenne par an lors des 3 saisons précédentes.
Dans un 1er temps, l’effarouchement dit « simple » est autorisé. Il consiste à faire fuir l’ours via des moyens lumineux ou sonores (cloches, pétards, cornes de brume, etc.).
En cas d’échec, l’effarouchement renforcé peut être autorisé par le préfet :
- dès la 2e attaque intervenue dans un délai inférieur à un mois malgré la mise en œuvre effective d'opérations d'effarouchement simple au cours de cette période ;
- pour les estives ayant subi au moins 4 attaques cumulées sur les 2 années précédentes, dès la 1re attaque survenue malgré la mise en œuvre effective d'opérations d'effarouchement simple lors de l'estive en cours ;
- pour les estives ayant subi en moyenne plus de 10 attaques par an au cours des 3 saisons d'estive précédentes, ayant mis en œuvre de manière effective l'effarouchement simple durant les 12 derniers mois, et ayant déjà subi une attaque après cette mise en œuvre effective.
L’effarouchement renforcé, qui consiste à tirer en l’air avec des armes non létales, est effectué par des agents de l’Office français de la biodiversité qui doivent respecter un ensemble de règles, par exemple :
- l’opération se déroule de nuit, par binôme, afin d’avoir une personne qui éclaire et une autre qui tire ;
- une absence de munition létale ;
- une obligation de surveiller la présence d’ourson, etc.
Notez que toute opération d’effarouchement, simple ou renforcé, doit faire l’objet d’un rapport adressé au préfet.
Pour finir, retenez que le parc national des Pyrénées bénéficie d’un régime spécial :
- aucune mesure d’effarouchement renforcé ne peut être prononcée ;
- la mise en œuvre d’une mesure d’effarouchement simple nécessite d’obtenir l’autorisation du directeur du parc.