Cotisation foncière des entreprises : comment est-elle calculée ?
Sur quelle base est calculée la cotisation foncière ?
Les biens taxés. Sont soumises à cette cotisation les propriétés bâties (les constructions : locaux d’exploitation, bâtiments et installations industrielles, locaux de stockage, bureaux, etc.) et non bâties (les terrains). Les biens qui sont taxables sont ceux dont vous avez la disposition au cours de la 'période de référence', pour les besoins de l'activité professionnelle.
C’est l’administration. Vous n'avez pas de calcul à faire : la base d'imposition correspond à la valeur locative des biens passibles d'une taxe foncière, déterminée en fonction des règles retenues pour l'établissement de la taxe foncière. Les modalités de calcul sont donc effectuées par les services de l'administration fiscale. Quant aux taux, ils sont votés, chaque année, par les collectivités locales.
=> Pour plus de précisions à ce sujet, consultez nos fiches « Taxe foncière et locaux industriels : ce qu’il faut savoir… » et « Taxe foncière et locaux professionnels : ce qu’il faut savoir… »
Attention. La détermination de la nature du bâtiment imposable est importante : selon que le bâtiment est un local industriel ou un local professionnel, la valeur locative ne se calcule pas de la même façon. A surface égale, le montant de CFE dû ne sera pas le même pour un local industriel et pour un local professionnel.
Le saviez-vous ?
Peu importe que vous soyez propriétaire ou locataire du local d’exploitation ou de vos bureaux professionnels : les biens donnés en location, pris en crédit-bail ou encore mis à disposition sont taxables chez le locataire, le crédit preneur ou, le cas échéant, l'utilisateur à titre gratuit de l'immeuble en question.
Des biens à la disposition de l’entreprise… Une entreprise est soumise à la CFE pour les biens qu’elle contrôle et qui sont utilisés matériellement pour la réalisation des opérations qu’elle effectue. Dans certains cas, il faut noter que le critère de l’utilisation matérielle n’est pas toujours pertinent pour savoir qui sera effectivement redevable de la cotisation foncière.
… pour les besoins de l’activité. Le bien ne sera toutefois retenu dans la base de calcul de la cotisation foncière que s’il est affecté à un usage professionnel, c’est-à-dire susceptible d’être utilisé comme instrument de travail. Un local affecté à un usage exclusif d’habitation ne sera ainsi pas pris en compte, même s’il figure au bilan d’une entreprise.
Sur quelle période ? Les biens taxés sont ceux dont votre entreprise a la disposition au cours de la « période de référence » : il s’agit de l'avant-dernière année civile (N-2) précédant celle de l'imposition ou le dernier exercice de 12 mois clos au cours de cette même année (si les dates de clôture de l'exercice ne coïncident pas avec l'année civile).
Concrètement, 3 situations sont à distinguer :
- vous avez clôturé votre exercice de 12 mois au 31 décembre N-2 : il faut retenir les biens à votre disposition au 31 décembre N-2 ;
- vous avez clôturé votre exercice de 12 mois N-2 en cours d'année : il faut retenir les biens à votre disposition à la clôture de l'exercice ;
- vous n'avez clôturé aucun exercice de 12 mois en N-2 : il faut retenir les biens à votre disposition au 31 décembre N-2.
Le saviez-vous ?
En cas de création d'établissement, la CFE n'est pas due au titre de l'année de la création. Pour les 2 années suivantes, la CFE a pour base d'imposition la valeur locative des biens dont vous avez disposé au 31 décembre de la première année d'activité. Au titre de la 2ème année d'activité, la base d'imposition est, en outre, réduite de moitié.
En cas de cessation d'activité en cours d'année (hors cession), la CFE n'est pas due pour les mois restant à courir (faites une demande en ce sens, le cas échéant, avant le 31 décembre de l’année qui suit celle de la mise en recouvrement).
Important. Ne tenez compte que des biens dont votre entreprise dispose à la fin de cette période de référence : si des biens sont vendus ou détruits, ou encore ont cessé d'être loués, ils ne doivent pas être pris en compte. En contrepartie, aucune réduction prorata temporis n'est faite en cas d'acquisition ou de location d'un bien en cours d'année.
Une particularité pour l’activité immobilière. Pour rappel, les activités de location et de sous-location d'immeubles nus autres que celles liées aux immeubles à usage d'habitation sont soumises à la CFE pour autant que les recettes annuelles retirées de cette activité soient d'au moins 100 000 € hors taxes. Pour le calcul de cette CFE, il faut savoir que ne sont pas prises en compte les parties communes des immeubles dont dispose l'entreprise qui exerce une activité de location ou de sous-location d'immeubles. Cette règle, qui ne vaut que pour les immeubles en copropriété, ne s’applique pas si l’entreprise est seule propriétaire de l’immeuble mis en location.
Des abattements possibles. Diverses mesures de réductions de la base d'imposition sont prévues (et concernent par exemple les installations portuaires et aéroportuaires, les installations antipollution, les coopératives, les diffuseurs de presse, etc.). Parmi ces différentes mesures, citons :
- les entreprises saisonnières (notamment les hôtels de tourisme, restaurants, cafés, discothèques exerçant une activité comprise entre 12 et 41 semaines dans l'année, de manière continue ou discontinue) qui bénéficient d'une réduction prorata temporis de leur base d'imposition ;
- les artisans (dès lors qu'ils ne sont pas exonérés de CFE), immatriculés au répertoire des métiers, qui emploient au plus 3 salariés et effectuent principalement des travaux de fabrication, de transformation, de réparation et pour lesquels la rémunération du travail représente plus de 50 % du chiffre d'affaires TTC, qui bénéficient d'une réduction de base d'imposition. Le montant de cette réduction est égale à 75 % de la base d’imposition en cas d'emploi d'un salarié, 50 % en cas d'emploi de deux salariés, 25 % en cas d'emploi de 3 salariés.
Une cotisation minimum
Si la base d’imposition est faible… Les entreprises sont soumises, hors cas d’exonération, au paiement d’une cotisation minimum. Ce sera le cas si la valeur locative de votre local imposable est trop faible. Notez que les petites entreprises louant des espaces de bureaux d’une surface relativement faible sont souvent concernées par cette cotisation minimum.
Vous payez une cotisation minimum. Cette cotisation est calculée sur une base fixée par le Conseil municipal du lieu d'implantation de votre établissement (ou, le cas échéant, par l’établissement public de coopération intercommunale).
=> Pour en savoir plus, consultez la fiche « Cotisation foncière des entreprises : un minimum à payer »
A retenir
Vous n’avez aucun calcul à faire : c’est l’administration fiscale qui détermine la valeur locative des locaux imposables. Cela étant, vérifiez tout de même si vous pouvez bénéficier d’une éventuelle réduction ou abattement.
J'ai entendu dire
Vous affirmez que les entreprises sont, en tout état de cause, soumises à une cotisation minimum de CFE. Mais est-ce vraiment le cas si l’entreprise bénéficie d’une exonération de CFE ?Non, et vous avez raison de le souligner. Le paiement d’une cotisation minimum suppose que l’entreprise soit effectivement soumise à la CFE, mais sur une base inférieure à celle retenue pour le calcul de la cotisation minimum. Donc, si vous êtes exonéré de CFE, vous n’avez pas à payer de cotisation minimum, du moins pendant le temps où vous bénéficiez de l’exonération.
En cas de cessation d’activité en cours d’année, peut-on obtenir un dégrèvement de CFE ?
Oui, si vous cessez toute activité dans l’établissement en question : vous ne serez alors pas redevable de la CFE pour les mois restant à courir (sauf en cas de vente de l'activité exercée dans l'établissement ou en cas de transfert d'activité). Ce dégrèvement « prorata temporis » s‘applique sur demande de votre part à faire avant le 31 décembre de l’année qui suit celle de la mise en recouvrement.
- Articles 1467 et suivants du Code général des impôts
- BOFiP-Impôts-BOI-IF-CFE-20 et suivants
- Réponse ministérielle Micouleau, Sénat, du 27 octobre 2016, n° 21171 (pas de CFE pour une entreprise sans activité)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon du 17 octobre 2017, n°17LY02115 (valeur locative et local industriel/local professionnel)
- Arrêt du Conseil d’État du 26 janvier 2018, n°402269 (base d’imposition et contrat de concession d’un emplacement de marché)
- Loi de finances pour 2018 du 30 décembre 2017 (article 97)
- Arrêts de la cour administrative d’appel de Paris du 6 novembre 2017, n°16PA02846 et 16PA03819 (espaces fournisseurs dans les grands magasins)
- Arrêt du Conseil d’État du 14 février 2018, n°409099 (base d’imposition et sous-location d’appartements meublés dans une résidence services)
- Arrêt du Conseil d’État du 25 juin 2018, n°413466 (atelier de menuiserie : bâtiment industriel ou professionnel ?)
- Décret n° 2018-500 du 20 juin 2018 portant incorporation au code général des impôts et au code des douanes de divers textes modifiant et complétant certaines dispositions de ces codes (base minimum de cotisation pour 2019)
- Loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises
- Arrêt du Conseil d’État du 12 avril 2019, n° 417145 (CFE et grand magasin)
- Communiqué de Presse du Ministre de l’Action et des Comptes Publics du 7 novembre 2019, n°862 (exonération de cotisation minimum pour les « très petites entreprises »)
- Arrêt du Conseil d’État du 27 novembre 2019, n°427213 (laboratoire boucherie-charcuterie : local industriel ou professionnel ?)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille du 1er octobre 2019, n°18MA02568 (CFE due par l’exploitant d’un terrain de camping)
- Arrêt du Conseil d’État du 6 novembre 2020, n° 439348 (CFE et parties communes des immeubles en copropriété)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Paris du 18 novembre 2020, n°19PA00802 (CFE, local d’une pâtisserie et appréciation de la limite légale de 500 000 €)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Nancy du 20 janvier 2022, n°20NC03269 (utilisation conjointe d’un bien immobilier)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Versailles du 31 mai 2022, n°20VE01922 (bâtiment dédié à la recherche et notion de local industriel)
- Arrêt du Conseil d'État du 30 septembre 2022, n°451948 (date prise en compte pour le calcul de la base d’imposition)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Douai du 15 septembre 2022, n° 21DA00479 (alvéoles d’enfouissement et exonération de la CFE)
- Arrêt du Conseil d'État du 15 novembre 2022, n° 449273 (panneaux solaires installés sur un bâtiment agricole)
- Arrêt du Conseil d’État du 9 juin 2023, n°466930 (réduction base d’imposition local industriel)