Cotisation foncière des entreprises : qui est concerné ?
Votre entreprise est-elle effectivement concernée ?
Peu importe la forme de l’entreprise… Que vous exerciez votre activité en entreprise individuelle ou par l’intermédiaire d’une société (SA, SAS, SARL, SNC, etc.), vous êtes susceptible de payer une cotisation foncière des entreprises (CFE).
Son régime d’imposition… Peu importe également votre régime fiscal : que votre société soit soumise à l’impôt sur les sociétés, que votre activité professionnelle soit taxée à l’impôt sur le revenu, que vous releviez du régime réel simplifié ou normal d’imposition, ou que vous puissiez bénéficier du régime des micros entreprises importe peu.
Son activité… La nature de l’activité est également indifférente, du moins d’une manière générale, puisque certaines activités peuvent bénéficier d’exonérations (voir infra). Que votre entreprise exerce donc une activité commerciale, artisanale, industrielle, libérale, etc. ne l’empêchera pas de payer une cotisation foncière des entreprises.
Cas particulier des activités de location nue. Si les activités de location ou sous-location meublée sont toujours taxables (sauf exceptions spéciales prévues par la loi), sachez que sont, désormais, considérées comme étant également exercées à titre professionnel, et par voie de conséquence, soumises à la CFE, les activités de location et de sous-location d'immeubles nus autres que celles liées aux immeubles à usage d'habitation, pour autant que les recettes annuelles retirées de cette activité soient d'au moins 100 000 € hors taxes.
CFE et taxe d’habitation ? Si la location porte sur des locaux meublés ne constituant pas l’habitation personnelle du loueur, ce dernier ne sera tenu qu’au paiement de la CFE. En revanche, si les locaux loués constituent également l’habitation personnelle du loueur, il sera non seulement soumis à la CFE, mais aussi à la taxe d’habitation.
Qu’est-ce qu’une activité imposable ? Le principe à retenir est le suivant : les entreprises passibles de la CFE sont celles qui exercent une activité « assujettie » à cette cotisation, c'est-à-dire celles qui exercent, à titre habituel, une activité professionnelle non salariée.
Exemple. Il a pu être jugé que les revenus perçus par une entreprise au titre de la concession d’une marque établissaient l’existence d’une activité exercée à titre professionnelle dès lors :
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que l’entreprise affecte des moyens matériels et humains à cette activité de concession (de manière régulière et effective) ;
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ou que l’entreprise a la possibilité de participer à l’exploitation du concessionnaire (c’est-à-dire de la personne qui a le droit d’utiliser la marque) et est rémunérée en conséquence.
Des entreprises exonérées de cotisation
Plusieurs modalités d’exonérations possibles. La loi prévoit plusieurs cas d’exonérations :
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une entreprise peut bénéficier d’une exonération dite facultative, permanente ou temporaire, c’est-à-dire que cet avantage fiscal suppose une décision des collectivités locales bénéficiaires de la CFE :
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soit l’exonération suppose une délibération de la collectivité ;
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soit le bénéfice est acquis en l’absence de délibération contraire ;
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une entreprise peut également bénéficier d’une exonération dite de plein droit : vous n’avez pas ici besoin de rechercher si une délibération de la collectivité a été ou non prise pour en bénéficier.
Consultez la liste des exonérations possibles. Nous avons synthétisé les exonérations possibles en matière de cotisation foncière des entreprises.
- Consultez la liste des activités et des personnes bénéficiant d'une exonération
Cas particulier des activités agricoles. Les exploitants qui exercent une activité de nature agricole sont, par principe, exonérés de CFE pour les bâtiments qui sont affectés à cette activité : plus simplement, la valeur locative de ces bâtiments n’est pas prise en compte pour le calcul de la cotisation due par le professionnel. En revanche, cette exonération ne s’applique pas lorsque les bâtiments sont affectés à une activité de nature industrielle et commerciale.
Et si un panneau photovoltaïque est installé sur une grange ? La base d’imposition à la CFE des entreprises qui produisent de l’énergie photovoltaïque ne comprend pas la valeur locative des panneaux photovoltaïques. Elle intègre uniquement la valeur locative des biens passibles de taxe foncière (c’est-à-dire des bâtiments) sur lesquels sont installés ces panneaux. Donc, si l’agriculteur ne dispose d’aucun bien passible de taxe foncière (comme c’est généralement le cas des bâtiments affectés à l’exploitation agricole), les panneaux photovoltaïques ne seront pas compris dans sa base d’imposition à la CFE.
À retenir
Parce que l’activité est exercée habituellement à titre professionnel, elle est par définition soumise à la CFE. Voilà pourquoi la plupart des entreprises sont concernées, quels que soient leur forme, leur activité, leur régime d’imposition.
J'ai entendu dire
Vous dites que les loueurs d’immeubles nus, autre que ceux à usage d’habitation, sont soumis à la CFE si le montant des loyers est supérieur à 100 000 € par an. Comment doit-on apprécier ce seuil ? Doit-on tenir compte des seuls loyers ou peut-on tenir compte des charges ?Il s’agit bien du montant des recettes hors taxes annuelles qui doit être inférieur à 100 000 €. Par recettes, il faut entendre, en outre, non seulement le montant des loyers, mais aussi le montant des dépenses qui vous incombe normalement, mais mises par convention à la charge des locataires ou sous-locataires, des subventions et indemnités destinées à financer des charges déductibles de l’impôt sur le revenu, des recettes provenant de la location du droit d’affichage ou du droit de chasse, etc. Aucune charge n’est admise en déduction.
- Articles 1447 et suivants du Code général des impôts
- BOFiP-Impôts-BOI-IF-CFE-10 et suivants
- Réponse ministérielle Micouleau, Sénat, du 7 avril 2016, no 21171 (pas de CFE pour une entreprise sans activité)
- Arrêt du Conseil d’État du 19 juin 2017, no 396780 (CFE et entreprise distributrice/entreprises gérantes)
- Arrêt de la Cour administrative d’appel de Nancy du 28 septembre 2017, no 16NC00177 (CFE et SCM)
- Réponse ministérielle Melchior du 4 septembre 2018, Assemblée nationale, no 3987 (activité agricole et panneaux photovoltaïques)
- Réponse ministérielle Robert du 6 septembre 2018, Sénat, no 05995 (exonération pour les auteurs compositeurs)
- Arrêt du Conseil d’État du 11 janvier 2019, no405031 (concession de marque et activité professionnelle)
- Loi de finances pour 2019 du 28 décembre 2018, no 2018-1317, article 173 (exonération de CFE pour les médecins)
- Actualité BOFiP du 3 juillet 2019 (exonération de CFE pour les librairies)
- Arrêt du Conseil d’Etat du 9 octobre 2019, no 417676 (exonération de CFE pour les personnes qui louent en meublé une partie de leur habitation principale)
- Réponse ministérielle Folliot du 15 octobre 2019, Assemblée Nationale, no 19550 (pas d’exonération pour les convoyeurs médicaux)
- Actualité BOFiP-Impôts du 07/08/2019 (exonération des cabinets médicaux secondaires)
- Arrêt du Conseil d’État du 13 février 2020, no 420760 (gérance de magasin et redevable de la CFE)
- Arrêt de la Cour administrative d’appel de Paris du 24 juin 2020, no 19PA02045 (location de locaux nu par une société qui participe à l’exploitation de son locataire, et soumission à la CFE)
- Réponse ministérielle Portarrieu du 29 septembre 2020, Assemblée nationale, no 7364 (location de locaux meublés : CFE et taxe d’habitation)
- Réponse ministérielle Sautarel du 28 janvier 2021, Sénat, no 19856 (activité agricole et panneaux photovoltaïques)
- Arrêt du Conseil d’État du 7 juillet 2022, no 440424 (organisation de producteurs et exonération de CFE)
- Arrêt du Conseil d'État du 20 septembre 2022, no 461477 (vente de salades assemblées et caractère agricole de l’activité exercée)
- Réponse ministérielle Folest du 18 avril 2023, Assemblée nationale, no 5365 : « Assujettissement des maisons de santé pluriprofessionnelles à la CFE »
- Arrêt de la Cour administrative d’appel de Toulouse du 28 mars 2024, no 22TL00645 (changement d’établissement en cours d’année)