Travailleurs non-salariés : à quoi s’attendre lors d’un contrôle de l’Urssaf ?
Déroulement du contrôle
Un contrôle Urssaf ? Pour contrôler l’exactitude des déclarations des travailleurs indépendants, l’Urssaf peut croiser ces déclarations avec les informations préalablement déclarées ou transmises par une autre administration.
Début du contrôle. Dans le cadre du contrôle des cotisations sociales basées sur la déclaration sociale des indépendants, sachez que l’agent de contrôle de l’administration est tenu de vous adresser un avis de contrôle, au moins 15 jours avant le début des opérations de contrôle. L’avis doit être adressé à votre domicile ou à l’adresse professionnelle que vous avez déclarée. Sachez que l’inspecteur peut reporter sa visite. Il doit, dans ce cas, vous en informer par tout moyen : il n’a pas à vous renvoyer un nouvel avis par lettre recommandée avec AR.
Notez que cet avis fait état de l’existence de la « Charte du cotisant contrôlé » présentant au dirigeant contrôlé la procédure de contrôle et les droits dont il dispose pendant son déroulé et à son issue.
Mais… L’Urssaf est toutefois dispensée d’accomplir cette formalité lorsque le contrôle porte sur la recherche d’infractions relatives au travail dissimulé.
Durée du contrôle. Le contrôle peut porter sur l’ensemble des 3 dernières années civiles et l’année en cours. Cette durée s'apprécie à compter du 30 juin de l'année qui suit l'année au titre de laquelle elles sont dues. Il est cependant limité à une durée de 3 mois, sauf prorogation. Cette durée doit être calculée entre le début effectif du contrôle (c’est-à-dire la première visite de l'inspecteur en cas de contrôle sur place ou la date de début des vérifications indiqué sur l'avis en cas de contrôle sur pièces) et la date d’envoi de la lettre d'observations.
Contrôle sur pièces ou sur place ? Dans un 1er temps, l’Urssaf peut demander au travailleur indépendant de lui communiquer les éléments nécessaires à son contrôle. Mais s’il ne transmet pas les informations demandées ou si elles sont insuffisantes, l’Urssaf peut poursuivre le contrôle sur place. Dans ce cas, elle n’a pas à vous adresser de nouveau un avis de contrôle.
Attention ! Depuis le 1er janvier 2019, vous devez conserver, pendant au moins 6 ans, tous les documents ou pièces justificatives nécessaires à l’établissement de l’assiette ou au contrôle des cotisations et contributions sociales. Ce délai de 6 ans commence à courir à la date à laquelle les documents ou pièces ont été établi(e)s ou reçu(e)s.
A noter. Il est possible de les conserver sur support informatique. Dans ce cas, les modalités de numérisation des pièces et documents établis ou reçus sur papier sont identiques à celles prévues en matière fiscal.
Le saviez-vous ?
Pour la bonne réalisation de son contrôle, l’agent de contrôle pourra exiger que vous lui présentiez des documents classés selon un ordre dont il vous aura informé au préalable.
Traitement des informations dématérialisées. L’agent de contrôle peut avoir besoin, dans le cadre de sa mission, d’accéder à des informations dématérialisées. Dans ce cas, il doit vous en informer par écrit. Vous disposez d’un délai de 15 jours pour vous opposer au traitement automatisé de ces informations. Si vous ne vous y opposez pas, vous êtes réputé accepter. Dans ce cas, vous devez désigner et mettre à la disposition de l’agent de contrôle un utilisateur habilité chargé de réaliser les opérations de contrôle sur votre matériel.
Communication réciproque entre administrations sociale et fiscale
Après le contrôle… L’Urssaf informe le régime d’assurance des suites qu’elle entend donner au contrôle (redressement ou non).
Communication régime général/services fiscaux. En cas de redressement de vos cotisations sociales, si le revenu retenu pour calculer les cotisations diffère du revenu déclaré au fisc (et si l’organisme de contrôle a connaissance de cette distinction), le régime général en informe les services des impôts après envoi, selon le cas :
- de la mise en demeure ou de l’avertissement, assortis de la lettre d’observations et des éventuelles réponses ;
- du courrier appelant à la mise en conformité ;
- de la décision de la commission de recours amiable.
Communication fisc/régime général. Réciproquement, si les revenus déclarés pour le calcul de vos cotisations sociales sont rectifiés par l’administration fiscale, celle-ci en informe le régime général.
Et si vous demandiez un contrôle ?
Une nouveauté 2018. Depuis le 11 août 2018, il existe un « droit au contrôle » prévoyant que toute entreprise peut demander à faire l’objet d’un contrôle diligenté par l’inspection du travail ou d’un contrôle portant sur ses déclarations de cotisations sociales.
Une demande précise. Dans cette situation, la demande doit préciser les points sur lesquels le contrôle est sollicité.
Un traitement. L’administration devra traiter cette demande dans un délai raisonnable (non déterminé à ce jour), sauf en cas de :
- mauvaise foi du demandeur ;
- demande abusive ;
- demande ayant manifestement pour effet de compromettre le bon fonctionnement du service, ou de mettre l’administration dans l’impossibilité matérielle de mener à bien son programme de contrôle.
Une décision ferme et définitive ? La décision prise par l’administration (Urssaf, Inspection du travail, etc.) dans le cadre de la demande de contrôle lui sera opposable : concrètement, à l’occasion d’un contrôle ultérieur, elle ne pourra pas revenir sur la décision prise dans le cadre de la demande de contrôle, sauf à ce qu’un changement de circonstances (en droit ou en fait) ait affecté sa validité ou à ce qu’elle procède à un contrôle donnant lieu à de nouvelles conclusions expresses.
A noter. A l’issue de ce contrôle, le cas échéant, le demandeur bénéficie du droit à l’erreur.
A retenir
Avant tout contrôle, l’agent de contrôle de l’Urssaf doit vous adresser un avis de contrôle au moins 15 jours avant les 1ères opérations de contrôle. Une fois le contrôle réalisé, il vous informe, ainsi que le régime général, des suites qu’il entend donner.
Notez tout de même que lorsque l’Urssaf recherche des informations sur une éventuelle infraction relative au travail dissimulé, les règles de contrôle ne sont pas applicables.
J'ai entendu dire
L’inspecteur Urssaf peut-il auditionner, dans le cadre du contrôle de mon entreprise, un salarié présent dans mes locaux mais appartenant à une autre entreprise ?La réponse est négative : l’inspecteur ne peut pas entendre un salarié appartenant à une autre entreprise. Une telle audition constituerait un motif d’annulation du contrôle (et de l’éventuel redressement qui en résulterait).
- Article L 243-7 du Code de la sécurité sociale (contrôle de l’Urssaf)
- Article L 243-13 du Code de la sécurité sociale (durée du contrôle)
- Articles L 612-12 et L 244-3 du Code de la sécurité sociale (prescription délai de reprise)
- Article. R 133-20 du Code de la sécurité sociale (remise automatique des majorations et pénalités)
- Article R 133-29-3 du Code de la sécurité sociale (application des majorations et pénalités)
- Loi n°2018-727 du 10 août 2018 pour un Etat au service d’une société de confiance (dite Loi Essoc), article 2 : droit à l’erreur, droit au contrôle
- Loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la Sécurité sociale pour 2019, article 18
- Décret n° 2016-941 du 8 juillet 2016 relatif au renforcement des droits des cotisants
- Arrêté du 23 mai 2019 fixant les modalités de numérisation des pièces et documents établis ou reçus sur support papier en application de l'article L. 243-16 du Code de la Sécurité sociale
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2ème chambre civile, du 15 mars 2018, n° 17-14755 (absence de mention du point de départ du délai de 30 jours pour répondre à la lettre d’observations)
- Arrêt de la Cour de Cassation, chambre sociale, du 15 mars 2018, n° 17-13409 (report du contrôle par l’inspecteur de l’Urssaf)
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2ème chambre civile, du 20 septembre 2018, n° 17-24359 (audition du salarié d’un prestataire)
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2e chambre civile, du 28 mai 2020, n° 19-11744 (signature numérisée sur la contrainte)
- Arrêt de la Cour de Cassation, 2e chambre civile, du 4 mars 2021, n° 19-25291 (notification de la contrainte et changement d’adresse)