Investir en Outre-mer par l'intermédiaire d'une entreprise soumise à l'IR : le dispositif Girardin
Le dispositif Girardin : un conseil
Un conseil. Si vous souhaitez investir en Outre-mer, vous pouvez prendre conseil auprès d’un cabinet de conseils spécialisé en défiscalisation en Outre-mer. Ce type de structure est dans l’obligation de s’inscrire sur un registre public.
Qui tient ce registre ? Le registre est tenu par :
- le représentant de l’Etat pour les cabinets dont le siège social est situé à Paris, en Guadeloupe, à la Martinique, à la Réunion, à Mayotte, en Guyane, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie ;
- le Préfet de la région Ile-de-France, préfet de Paris pour les cabinets dont le siège social est situé dans un Etat membre de l’Union européenne ou dans un autre Etat partie à l’accord sur l’espace économique européen ayant conclu avec la France une convention d’assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales ;
- le Préfet de la Guadeloupe pour les cabinets dont le siège social est situé à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy ;
- le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie pour les cabinets dont le siège social se trouve dans les Iles Wallis et Futuna.
Les obligations qui pèsent sur ces cabinets. Cette inscription oblige les cabinets de conseils spécialisés en défiscalisation :
- à respecter une charte de déontologie ;
- à déclarer les opérations réalisées et le montant des commissions perçues ;
- à déclarer les noms et adresses des investisseurs
Une assurance. En plus de leurs autres obligations, ces professionnels devront contracter une assurance contre les conséquences pécuniaires de leur responsabilité civile professionnelle 'couvrant tous les risques afférents au montage des opérations réalisées pour le bénéfice des avantages fiscaux '.
Une inscription limitée dans le temps. Notez que cette inscription est désormais limitée dans le temps : elle est valable pour une durée de 3 ans.
Une inscription sous conditions. L’inscription initiale et son renouvellement sont subordonné(e)s au respect de l'ensemble des conditions suivantes par les dirigeants et associés :
- ils doivent justifier de leur aptitude professionnelle ;
- ils doivent être à jour de leurs obligations fiscales et sociales ;
- ils doivent présenter un bulletin n°3 de leur casier judiciaire vierge de toute condamnation ;
- ils doivent justifier d’une certification annuelle de leurs comptes par un commissaire aux comptes ;
- ils doivent signer et respecter une charte de déontologie.
Une réduction d’impôt : pour qui ? Pour quoi ?
Une réduction d’impôt pour qui ? Peuvent bénéficier de cet avantage les personnes physiques domiciliées en France qui choisissent d’investir par l’intermédiaire d’une entreprise relevant de l’IR dont le chiffre d’affaires n’excède pas 10 M€.
Le saviez-vous ?
Seuls les investissements réalisés en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Mayotte et à la Réunion sont concernés par le seuil de chiffre d’affaires. Les entreprises situées dans les autres DOM et les autres COM continuent à bénéficier de l’avantage fiscal, sans être tenues au respect d’un seuil de chiffre d’affaires.
Une réduction d’impôt pour quoi ? Sont éligibles à l’avantage fiscal les investissements productifs neufs (acquisitions ou créations de biens corporels amortissables par nature) réalisés par une entreprise ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale ou agricole. Peuvent également bénéficier de la réduction d’impôts les travaux de rénovation ou de réhabilitation d’hôtel, de résidence de tourisme et de village de vacances classés, ainsi que les investissements portant sur l’achat ou la construction de navires de pêche, sous réserve qu’ils respectent l’une des conditions suivantes :
- les navires sont exploités à La Réunion et leur longueur hors tout est comprise entre 12 et 40 mètres ;
- les navires sont exploités en Polynésie française, à Saint-Barthélemy, à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les Îles Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie ou dans les Terres australes et antarctiques françaises.
Attention certains secteurs d’activités sont expressément exclus du bénéfice de l’avantage fiscal.
C’est quoi un bien neuf. Le caractère neuf ou usagé de l’investissement réalisé sera apprécié au cas par cas par l’administration.
Précision. Si vous réalisez un investissement consistant en l’acquisition ou la création de biens corporels neufs, notez que la réduction d’impôt ne sera possible qu’à compter du moment où l’entreprise, qui dispose matériellement de l’investissement productif, peut commencer son exploitation effective et donc, en tirer des revenus.
À noter. Si l’entreprise exerce son activité dans les DOM ou à Saint-Martin, l’avantage fiscal sera réservé aux investissements initiaux. Tel sera le cas par exemple des créations d’établissement ou encore des investissements nécessaires à la diversification des activités de l’entreprise.
Cas particulier des navires. pour les investissements mis en service en Polynésie française, à Saint-Barthélemy, à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans les îles Wallis et Futuna ou en Nouvelle-Calédonie au titre des exercices ouverts à compter du 1er janvier 2022 et pour l’agrément desquels une demande est déposée à compter du 10 mars 2022, la réduction d’impôt s'appliquera aux navires de croisière neufs d'une capacité maximum de 400 passagers affectés à la croisière régionale au départ et à l’arrivée des ports de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, des îles Wallis et Futuna ou de la Nouvelle-Calédonie.
Même chose pour les investissements mis en service en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Mayotte et à Saint-Martin pour l’agrément desquels une demande a été déposée à compter d’une date fixée par Décret, qui ne peut être postérieure de plus de six mois à la date de réception, par le Gouvernement, de la réponse de la Commission européenne quant à sa conformité à la réglementation européenne.
Un volume annuel d’opération. Le bénéfice de cette réduction d’impôt est soumis au respect de conditions nombreuses et variées, auxquelles il faut désormais ajouter celle tenant au montant du volume annuel d’opération du navire.
Depuis le 1er janvier 2021, en effet, le volume annuel d’opérations du navire devra comprendre au moins 90 % des têtes de ligne au départ et à l’arrivée d’un port de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, des îles Wallis et Futuna ou de la Nouvelle-Calédonie. Au moins 75 % des escales pendant les itinéraires du navire devront être réalisées dans l’un des ports des collectivités susmentionnées, ce ratio s’appréciant à la fois en nombre et en durée.
Pour les exercices clos à compter du 31 décembre 2022, il est prévu que pour les investissements réalisés dans le secteur du transport aérien ou maritime, le bénéfice de la réduction d’impôt est subordonné au respect des conditions suivantes :
- les investissements sont exploités exclusivement pour effectuer des liaisons au départ ou à destination de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, des îles Wallis et Futuna ou de la Nouvelle-Calédonie ; attention, ces territoires ne doivent pas constituer une simple escale ;
- des activités de maintenance des investissements sont réalisées dans l’un de ces territoires.
Une réduction d’impôt : des obligations
Une obligation de conservation. Pour bénéficier de l’avantage, les biens acquis ou construits devront être conservés et maintenus dans leur affectation pour une durée au moins égale à 5 ans, ou pour leur durée normale d’utilisation si elle est inférieure à 5 ans ou, à compter du 1er janvier 2022, pendant 7 ans au moins lorsque sa durée normale d’utilisation est égale ou supérieure à 7 ans.
Une obligation de conservation portée à 15 ans ? Pour les investissements réalisés (et les travaux achevés) depuis le 1er janvier 2019, le délai de conservation (et de maintien) dans l'affectation est porté à 15 ans (au lieu de 5 ans) pour les travaux de rénovation ou de réhabilitation d'hôtels, de résidences de tourisme et de villages de vacances classés.
Focus sur les navires de croisières. Toutes conditions remplies, l’avantage fiscal s’applique pour les investissements dont la durée normale d’utilisation est égale ou supérieure à 7 ans et qui sont loués, lorsque l’entreprise locataire s’engage à utiliser effectivement ces investissements dans le cadre de l’activité pour laquelle ils ont été achetés ou créés, pendant 7 ans au moins. Ce délai est porté à 10 ans pour les investissements qui portent sur des navires de croisière neufs d’une capacité maximum de 400 passagers.
Des obligations fiscales et sociales. Pour bénéficier de l’avantage fiscal, l’entreprise qui réalise l’investissement (ou, dans certains cas, l’entreprise exploitante) doit être à jour de ses obligations fiscales et sociales à la date de la réalisation dudit investissement.
Plus simplement. En clair, l’entreprise doit pouvoir prouver qu’elle a, dans le délai imparti, déposé au greffe du Tribunal de commerce du lieu de situation de son siège social ses comptes annuels et, le cas échéant, ses comptes consolidés, son rapport de gestion, le rapport du commissaire aux comptes sur les comptes annuels et consolidés, ainsi que la proposition d’affectation, la résolution d’affectation ou la décision d’affectation du résultat.
Une réduction d’impôt jusqu’à quand ? Bénéficieront de l’avantage fiscal les investissements mis en service jusqu'au 31 décembre 2029 en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Mayotte, à La Réunion et à Saint-Martin, et jusqu'au 31 décembre 2029 à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Saint-Barthélemy et dans les îles Wallis et Futuna, aux travaux de réhabilitation hôtelière achevés au plus tard à cette date et aux acquisitions d'immeubles à construire et aux constructions d'immeubles dont les fondations sont achevées au plus tard à cette date.
Le saviez-vous ?
Le bénéfice de cette réduction d’impôt pour les investissements réalisés dans les départements d’Outre-mer et à Saint-Martin est subordonné au respect de la règlementation européenne en matière d’aides à l'investissement à finalité régionale.
Une sanction. Le non-respect, par l’entreprise locataire ou bénéficiaire des souscriptions, de l’engagement d’utiliser l’investissement réalisé dans le cadre de l’activité pour laquelle il a été acquis ou créé, l’expose au paiement d’une amende égale à 60 % du montant de l’avantage obtenu.
Une réduction d’impôt : combien ?
Montant de la réduction. La base de la réduction d’impôt est en principe assise sur le montant de l’investissement réalisé, hors taxes et hors frais. Il conviendra de soustraire de ce montant les éventuelles subventions ou aides publiques perçues. Le taux de la réduction dépend quant à lui de la nature et du territoire sur lequel l’investissement est réalisé :
- si l’investissement porte sur des travaux de rénovation ou de réhabilitation, le taux de la réduction sera de 53,55 % ;
- si l’investissement productif est réalisé en Guyane, à Mayotte, à Saint-Pierre-et-Miquelon ou à Wallis-et Futuna, le taux de la réduction sera de 45,9 % ;
- si l’investissement productif est réalisé dans les autres DOM et territoire, le taux de la réduction sera de 38,25 % ;
- si l’investissement porte sur un navire de pêche exploité à La Réunion, le taux de réduction est fixé à :
- 38,25 % pour les navires d’une longueur hors tout supérieure ou égale à 12 mètres et inférieure à 24 mètres ;
- 25 % pour les navires d’une longueur hors tout supérieure ou égale à 24 mètres et inférieure ou égale à 40 mètres.
Attention. Il est important de préciser que si la valeur de l’investissement retenue pour le calcul de la réduction d’impôt est surévaluée, l’administration pourra, toute condition étant par ailleurs remplie, opérer un redressement fiscal aboutissant à une réduction du montant de l’avantage fiscal.
À noter. Les taux de l’investissement productif seront respectivement portés à 53,55 % et 45,9 % en cas d’investissement dans le secteur de la production d’énergie renouvelable.
Un agrément préalable dans certains secteurs. Dans certains secteurs d’activité, l’avantage fiscal est subordonné à l’obtention préalable d’un agrément ministériel. Sont concernés les secteurs suivants : transports, navigation de plaisance, agriculture, pêche maritime et aquaculture, industrie charbonnière et sidérurgie, construction navale, fibres synthétiques, industrie automobile, rénovation et réhabilitation d'hôtel, de résidence de tourisme et de village de vacances classés.
Un agrément préalable pour un certain montant. Hormis le cas des secteurs d’activités ci-dessus mentionnés, l’agrément préalable sera également requis, lorsque l’investissement envisagé excède la somme de 1 M€.
À noter. Ce seuil de 1 M€ s’apprécie au niveau de l’entreprise et pas au niveau de chacun des associés.
Des conditions à remplir. L’agrément sera délivré dès lors que l’investissement :
- présente un intérêt économique pour le département dans lequel il est réalisé ; il ne doit pas porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou constituer une menace contre l'ordre public ou laisser présumer l'existence de blanchiment d'argent ;
- poursuit comme l'un de ses buts principaux la création ou le maintien d'emplois dans ce département ;
- s'intègre dans la politique d'aménagement du territoire, de l'environnement et de développement durable ;
- garantit la protection des investisseurs et des tiers.
A retenir
Le dispositif Girardin regroupe en réalité un grand nombre de régimes de défiscalisation Outre-mer. Il est important de prendre le temps d’étudier votre situation pour déterminer le régime le plus opportun.
J'ai entendu dire
J’ai réalisé mon investissement par l’intermédiaire d’une société. A l’occasion d’un contrôle fiscal, l’administration m’a refusé le bénéfice de l’avantage fiscal et a rehaussé en conséquence le montant de mon impôt sur le revenu. Avant de me contrôler, aurait-elle dû contrôler la société ?Non, l’administration fiscale n’est pas tenue de vérifier la comptabilité de la société avant d’engager une procédure de contrôle fiscal personnel. Cela résulte du fait que dans votre situation, le rehaussement du montant de votre impôt sur le revenu n’est pas lié au rehaussement du résultat imposable de la société : il est lié au retrait d’un avantage fiscal dont vous avez personnellement demandé à bénéficier.
- Article 199 undecies B (réduction IR pour investissements productifs) du CGI
- Article 242 septies du CGI (professionnels de la défiscalisation Outre-mer)
- Bofip impôts BOI-IS-GEO-10
- Bofip impôts BOI-IR-RICI-380-20
- Bofip Impôts BOI-IR-RICI-380-10-20
- Bofip Impôts BOI-IR-RICI-80-10-20
- Bofip-Impôts-BOI-ANNX-000292
- Arrêt de la cour administrative d’appel du 14 juin 2017, n°16NT00749 (acquisition d’un aéronef et absence de titre de propriété)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille du 29 juin 2017, n°15MA04713 (acquisition d’une centrale électrique et absence de raccordement)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Bordeaux du 27 juillet 2017, n°15BX03368 (construction d’une porcherie et donation d’une partie du terrain)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes du 12 octobre 2017, n°15NT00731 (investissement surévalué et réduction du montant de l’avantage fiscal)
- Arrêt du Conseil d’État du 29 novembre 2017, n°395099 (pas d’obligation de procéder à un contrôle fiscal de la société avant d’engager une procédure de contrôle à l’encontre de l’investisseur)
- Loi de finances pour 2018 du 30 décembre 2017, n°2017-1837 (articles 71 et 72)
- Arrêt du Conseil d’État du 19 mars 2018, n°401896 (respect par l’entreprise par l’intermédiaire de laquelle l’investissement est réalisé de ses obligations fiscales et sociales)
- Arrêt du Conseil d’État du 7 novembre 2018, n°408101 (investissement par l’intermédiaire d’une entreprise IR et appréciation du seuil au-delà duquel l’agrément est requis)
- Loi de finances pour 2019 du 28 décembre 2018, n°2018-1317, articles 131, 30, 31, 139 et 153
- Arrêt du Conseil d’État du 13 mars 2019, n°410861 (rachat de tractopelles et appréciation du caractère neuf ou usagé de l’investissement)
- Arrêté du 3 mai 2019 pris pour l’application du premier alinéa de l’article 242 septies du Code Général des Impôts
- Arrêt du Conseil d’État du 18 novembre 2019, n°423979 (conditions à remplir pour bénéficier de l’agrément)
- Arrêt de la cour administrative d’appel de Nancy du 16 janvier 2020, n°18NC01825, NP (plantations = biens neufs ?)
- Réponse ministérielle Serville du 3 mars 2020, Assemblée Nationale, n°22485 (obligation de dépôt des comptes annuels)
- Ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 relative à la prorogation des délais échus pendant la période d'urgence sanitaire et à l'adaptation des procédures pendant cette même période
- BOFiP-Impôts-BOI-DJC-COVID19-10 et suivants
- Arrêt du Conseil d’État du 5 juin 2020, n°424037 (refus injustifié d’agrément et indemnisation par l’Etat)
- Arrêt du Conseil d’État du 15 octobre 2020, n°427313 (acquisition d’une centrale photovoltaïque et absence de raccordement)
- Loi de finances pour 2021 du 29 décembre 2020, n°2020-1721, articles 108 et 109
- Loi de finances pour 2022 du 30 décembre 2021, n°2021-1900 (article 72)
- Décret n° 2022-330 du 7 mars 2022 fixant l'entrée en vigueur des dispositions de l'article 138 de la loi n° 2018-1317 du 28 décembre 2018 de finances pour 2019 et de l'article 109 de la loi n° 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021 pour les investissements réalisés en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Mayotte et à Saint-Martin
- Loi de finances pour 2023 du 30 décembre 2022, n°2022-1726 (articles 13 et 14)